Par Mohamed TOUATI
Les revenus pétroliers ne sont pas assez conséquents pour freiner un déficit commercial qui s’est creusé en ce début d’année 2019.
Alerte! La crise financière ne s’est jamais autant exacerbée qu’en cette période d’incertitude politique que traverse le pays. Il est donc impératif de déboucher sur une issue politique pour que les réformes nécessaires recommandées autant par les experts nationaux que par les institutions financières internationales, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, soient mises en oeuvre avant qu’il ne soit trop tard.
Les réserves de changes qui constituent le dernier rempart contre un éventuel chaos économique sont en train de s’épuiser à vue d’œil. Son niveau qui est descendu sous les 80 milliards de dollars en janvier, 79,80 milliards de dollars exactement, s’est probablement accéléré depuis. En l’espace d’une année, entre 2017 et décembre 2018 ce bas de laine, qui se situait à plus de 193 milliards de dollars fin 1993, a fondu de près de 17 milliards de dollars. Au rythme imprimé par cette dégringolade, ce qui reste de ce pactole devrait s’épuiser dans trois années au grand maximum. A moins d’un retournement de situation, d’une flambée des cours de l’or noir qui propulserait le baril au-dessus des 100 dollars.
Un scénario qui n’est pas à l’ordre du jour. Et ce n’est certainement pas le président américain qui souffle le chaud et le froid, un coup en menaçant l’Iran (pays pétrolier de premier plan) d’une guerre totale pour se raviser le lendemain et déclarer qu’il n’est pas dans son intention de renverser le régime de Téhéran qui contribuera à «réchauffer» des cours de l’or noir qui ont subi une douche froide ces derniers jours.
Le prix du panier de quatorze pétroles bruts, qui sert de référence à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, a reculé vendredi à 67,40 dollars le baril, contre 68,56 dollars la veille, a indiqué lundi l’Opep sur son site Web. Une baisse de près de 4 dollars par rapport au mois d’avril.
Les choses n’allaient guère mieux hier sur le marché européen. Vers 15h00, heure algérienne, le baril de Brent (référence pour le pétrole algérien) s’échangeait à 68,55 dollars, à Londres, enregistrant un recul de 22 cents par rapport à la séance de lundi. Un niveau qui ne peut pas assurer des revenus conséquents à l’Algérie pour freiner son déficit commercial qui s’est creusé en ce début d’année 2019.
D’autant plus que ses exportations d’hydrocarbures qui constituent l’essentiel de ses recettes en devises ont baissé. Comme il va falloir tenir compte de l’astronomique facture des importations qui tourne autour des 45 milliards de dollars. Un fardeau, une saignée pour l’économie nationale qui repose exclusivement sur la rente pétrolière. Ce qui rend pratiquement inévitable le recours aux réserves de changes pour assurer les équilibres financiers. Qu’en pensent les spécialistes? «En considérant que le rythme de nos importations en biens sera maintenu à 45 milliards de dollars/an sans tenir compte de la facture des services que l’on a tendance à oublier, qui avoisinent ces derniers temps les 10 milliards de dollars/an, nous irons encore puiser dans le «bas de laine» pour équilibrer la balance commerciale et partant la balance des paiements.», affirme l’expert financier Mourad El Besseghi.
Le recours au financement non conventionnel pour affronter la crise ne peut constituer une alternative qui puisse s’éterniser sans faire courir le risque d’une inflation à deux chiffres, voire plus. Si ce mécanisme a éloigné le recours à l’endettement extérieur sur le court terme, il ne peut l’assurer à moyenne échéance.
Le sursis est estimé à trois ans. C’est le temps dont dispose l’Algérie pour diversifier son économie et afficher sa volonté à s’affranchir de son pétrole. Une course contre la montre qui doit être engagée dans les meilleurs délais. En attendant, le baril continuera d’arbitrer ce challenge…