La sécurité alimentaire d’un pays ne peut être réellement assurée que par ses citoyens.
«Mais c’est notre terre, on l’a chèrement reconquise.» C’est par cette sentence péremptoire que le secrétaire général de l’Unpa (Union nationale des paysans algériens) a signifié l’opposition de son organisation aux investissements étrangers dans l’agriculture.
Lors de son passage, hier, au Forum d’El Moudjahid, Abdelkader Alioui a longuement et passionnément plaidé pour un développement du secteur, prioritairement, par les nationaux.
Non pas par chauvinisme, mais, a-t-il précisé, «pour leur savoir-faire en la matière».
Une position qui découle en droite ligne de l’une des revendications que l’Unpa a présentées, jeudi dernier, à Aïn Defla, au Premier ministre; à savoir, «la préservation du foncier agricole» (…) par la «constitutionnalisation» de la protection des terres». Surtout que l’Etat, a-t-il rappelé, «se propose, d’ici 2019, d’augmenter la superficie agricole irriguée actuelle d’un million d’hectares supplémentaire». Une superficie qu’il souhaite voir distribuée aux agriculteurs nationaux et ce, «par le biais de coopératives agricoles à créer grâce aux financements de la Cnma-banque».
Dans la foulée, il a également préconisé, dans l’objectif «d’impulser l’investissement national agricole», la création «d’une caisse d’assurance des crédits obtenus à cet effet».
La préservation des terres, n’a pas été la seule préoccupation du secrétaire général de l’Unpa.
Abdelkader Alioui a, en effet, également plaidé pour une protection plus ferme de la production nationale. Au point de demander là aussi, à l’instar de ce qu’il a fait pour les terres agricoles, sa «constitutionnalisation».
A l’appui de sa demande, il a cité le cas de nombreux pays autrement plus libéraux que le nôtre qui le font. Comme notre voisin de l’Est, la Tunisie, qui, a-t-il dit, «impose des taxes sur tout produit agricole importé qui augmentent de quatre fois son prix de vente au détail».
Une manière de dire que la sécurité alimentaire d’un pays ne peut être réellement assurée que par ses citoyens. Et ce, d’autant plus, a-t-il déclaré, que celle-ci est «l’un des garants de la souveraineté nationale».
De là, son appel à trouver une rapide solution à tous les problèmes qui continuent, selon lui, «d’entraver le développement du secteur».
Parmi lesquels, il a cité celui lié «à la nature juridique des liens entre les agriculteurs et la terre qu’ils travaillent». Et ce, pour préciser que «depuis cinq années, ce sont pas moins de 36.000 cas litigieux qui ont été portés, à l’échelle nationale et particulièrement au nord du pays, devant les tribunaux». dont «la résolution, a-t-il déclaré, pourrait, par la sérénité qu’elle apporterait aux paysans concernés, contribuer grandement à l’essor de l’agriculture». Et à propos d’essor, Abdelkader Alioui s’est dit profondément convaincu que celui-ci «serait davantage assuré si le 1,3 milliard de dollars que perd l’Algérie dans l’importation de produits agricoles était orienté vers les agriculteurs nationaux sérieux qui travaillent au développement du secteur». Rejoignant en cela la position des pouvoirs publics, il a déclaré que l’Unpa «est pour la création de grandes exploitations agricoles et, partant, pour une mécanisation plus poussée du travail agricole».
Une orientation qui ne va pas, a-t-il averti, «sans la disponibilité d’une main-d’oeuvre qualifiée». De là, sa proposition «à renforcer au sein des centres de formation professionnelle, les filières liées à l’agriculture».
Pour rester avec la main-d’oeuvre, plus précisément avec le problème que constitue sa rareté dans le secteur, le secrétaire général de l’Unpa s’est dit «favorable au recrutement, là où il y a déficit avéré, d’ouvriers étrangers, notamment africains». Interrogé sur les retombées attendues des hausses des prix des carburants et de l’électricité, prévues par la loi de finances 2016, sur les agriculteurs, il a déclaré que «l’Unpa s’y prononcera au moment voulu».
Une réserve qu’il n’a pas observée quand il a été interrogé par une consoeur «sur son insistance à importer de la viande rouge du Soudan».
Abdelkader Alioui a, tout d’abord, tenu à préciser que son insistance «ne signifiait nullement qu’il souhaitait que les importations des autres pays soient interdites».
Avant d’ajouter que, ce faisant, «il s’adressait aux pouvoirs publics pour attirer leur attention sur les avantages, sur le double plan de la qualité et du prix – au détail, le kilogramme de viande importée du Soudan coûtera 450 DA, a-t-il déclaré – du produit, qu’aura le pays à faire»; à importer de la viande rouge du Soudan, s’entend.