Le pays est devancé par la Tunisie et le Maroc : Agroalimentaire, les raisons du retard

Le pays est devancé par la Tunisie et le Maroc : Agroalimentaire, les raisons du retard

Dans le secteur agroalimentaire, l’Algérie semble faire le chemin inverse. Pays pionnier dans les années 1980, il est aujourd’hui à plusieurs longueurs de ses voisins, la Tunisie et le Maroc qui, eux, ont respecté les différentes marches de leur montée progressive. Algérie pays «adepte précoce», devenu suiveur, déplore Abdelhamid Bencharif, conseiller au World trade center Algiers, lors de la présentation à Alger du Programme d’appui au développement des entreprises et des chaînes de valeur agricoles et agroalimentaires. Quelles sont les raisons d’un tel revirement ? Pourtant le secteur se place comme une des meilleures alternatives pour concrétiser la diversification économique, tant louée par différents ministres et hauts responsables.

Pour M. Bencharif, la volonté politique certaine apparaît à travers une prolifération de programmes, projets, orientations stratégiques et rencontres internationales. Cependant, les dispositifs de mise en œuvre proposés demeurent «inopérants, car souvent fondés sur des approches générales qui, non déclinées au niveau local, ne tiennent pas compte des comportements des acteurs et des bonnes pratiques éprouvées». S’impose inexorablement, selon lui, de nouvelles approches opérationnelles pour mobiliser les ressources cognitives du territoire, promouvoir des réseaux et favoriser la coordination des acteurs et le développement des filières.

Au moment où le Maroc compte 6 agropoles, la Tunisie a mis en place 12 technopoles, l’Algérie peine à décoller dans le secteur agroalimentaire. Plus que jamais, sonne l’impératif d’engager une approche participative et opérationnelle. Les acteurs économiques et les institutions directement impliqués dans la mise en œuvre des projets doivent participer dès la conception de la méthodologie. Pour de meilleurs résultats, le responsable du WTCA propose une approche multisectorielle.

«Toutes les activités des chaînes de valeur doivent être analysées depuis la production jusqu’aux marchés», enchaîne-t-il. Dans la même optique, le renforcement des capacités institutionnelles et des acteurs économiques doit, selon M. Bencharif, permettre de partager la même vision stratégique, concevoir et réaliser les projets préalablement identifiés. Ce n’est pas tout. L’organisation des filières agricoles nécessite aussi l’émergence d’une culture de coopération mutuelle, des actions de sensibilisation, convaincre des avantages apportés par le travail collaboratif. Repenser la coopération internationale, à travers la mise en place d’un dispositif en réseau local qui met en relation les acteurs du territoire pour devenir un vis-à-vis crédible et qui permet l’appropriation des savoirs, des bonnes pratiques et leur démultiplication, ainsi que la pérennité des projets.

Par ailleurs, le conférencier a mis l’accent sur l’importance des clusters. Si dans ce domaine le financement peut jouer le rôle de catalyseur, ce sont d’abord l’adhésion et la volonté des différents partenaires, l’élaboration d’un plan d’action mobilisateur attractif et convaincant, la capacité des animateurs à inciter le travail collaboratif et à répondre aux préoccupations des partenaires, qui peuvent être déterminants.