Le père d’Abdel Malik Petitjean: « J’ai peur que ma fille se venge »

Le père d’Abdel Malik Petitjean: « J’ai peur que ma fille se venge »

Deux personnes, le cousin de l’un des tueurs et un réfugié syrien, étaient toujours en garde à vue samedi 30 juillet à la mi-journée dans l’enquête sur l’attaque terroriste de Saint-Etienne-du-Rouvray. En revanche, a indiqué le parquet de Paris, celle d’un mineur de 16 ans a été levée. Un autre homme a par ailleurs été mis en examen vendredi soir.

Le mineur n’en a toutefois pas fini avec la justice: des documents de propagande terroriste ont été retrouvés dans son téléphone ainsi que dans son ordinateur et ces éléments ont été transmis par le parquet de Paris à son homologue de Rouen, territorialement compétent et qui pourrait décider d’ouvrir une procédure distincte pour « apologie du terrorisme ».

Son frère intéresse les enquêteurs: proche de l’un des deux tueurs, Adel Kermiche, il est parti dans la zone irako-syrienne en 2015 et les services antiterroristes se demandent s’il a pu jouer un rôle depuis la Syrie dans l’attentat de mardi, le premier perpétré dans un édifice religieux en France.

Le cousin d’Abdel Malik Petitjean, l’autre assaillant, était toujours en garde à vue. Âgé de 30 ans, les enquêteurs se demandent s’il avait connaissance des funestes projets de son cousin. Quant au demandeur d’asile syrien, la photocopie de son passeport a été retrouvée au domicile d’Adel Kermiche.

Par ailleurs, un jeune homme de 19 ans, « fiché S », arrêté le 25 juillet dans une enquête distincte des services de renseignement, a été mis en examen vendredi soir. Une vidéo du second assaillant, Abdel Malik Petitjean, dans laquelle celui-ci prêtait allégeance au groupe État islamique (EI) et évoquait « une action violente », avait été trouvée dans un téléphone à son domicile.

« Je n’ai aucune nouvelle. J’ai peur qu’elle se venge »

Une des deux sœurs d’Abdel Malik Petitjean et l’ami de cette dernière, interpellés mercredi, avaient déjà été relâchés jeudi soir. Ces témoins « ont livré des indications intéressantes sur son parcours, mais aucun élément ne montre leur implication dans les faits », selon une source proche de l’enquête.

Dans un entretien publié samedi par Ouest France, le père adoptif d’Abdel Malik Petitjean, se dit pourtant inquiet pour la sœur d’Abdel Malik Petitjean, sans qu’il soit précisé s’il s’agit de la jeune femme interpellée puis libérée ou de l’autre sœur du terroriste.

« Maintenant j’ai peur pour ma fille », née de sa relation avec la mère d’Abdel Malik. « Je n’ai aucune nouvelle. J’ai peur qu’elle se venge car elle était très proche de son frère. Je tire la sonnette d’alarme pour la sortir de là », a ajouté Franck Petitjean, craignant qu’elle soit enrôlée à son tour et « prenne le même chemin » que son frère.

Le père du second auteur identifié de l’attaque terroriste de Saint-Etienne-du-Rouvray, s’est présenté spontanément à la police mercredi soir à Bordeaux et aucune charge n’a été retenue à son encontre, a-t-on appris vendredi de source policière. Une perquisition a été menée au domicile bordelais de Franck Petitjean, son ordinateur a été saisi et examiné mais « rien de spécial » n’a été découvert et « aucune mesure coercitive n’a été menée à son encontre ».

Selon Sud Ouest, Franck Petitjean n’est pas le père naturel d’Abdel Malik et l’avait reconnu en 1997 devant l’état-civil « alors que celui-ci n’avait que 5 ou 6 mois ». C’est par son frère qu’il a appris que son fils était le terroriste abattu à la sortie de l’église avec Adel Kermiche après avoir tué le père Jacques Hamel et blessé un paroissien. « Ça m’a brisé, cela fait deux jours que je ne dors plus », a ajouté Franck Petitjean, qui a assuré l’éducation de son fils jusqu’à son divorce en 2011.

Venu ensuite s’installer à Bordeaux, où il travaille comme soudeur, il a assuré à Sud Ouest qu’il n’avait pas vu son fils « depuis un peu plus de trois ans ». « J’ai été surpris. Malik était adorable. Crédule. Daech (acronyme arabe de l’organisation terroriste Etat Islamique, ndlr) lui a monté la tête, retourné le cerveau. Je l’ai eu au téléphone au début du mois de juillet, il était avec son cousin à Nancy. Il m’a dit qu’il voulait venir en vacances à Bordeaux au mois d’août », le cite encore Sud Ouest.

« En trois mois, ils l’ont endormi et lui ont retourné le cerveau »

Abdel Malik Petitjean, Savoyard de 19 ans, sans casier judiciaire, était connu depuis peu des services antiterroristes. Il avait été signalé par la Turquie fin juin après avoir pénétré dans le pays et une fiche « S » avait été émise à son encontre le 29 juin. Des vidéos récentes d’allégeance de Petitjean à l’EI, qui a revendiqué l’attentat, ont été retrouvées.

« Malik était quelqu’un de très gentil. Tous ses collègues de travail, ses copains, disent qu’il était poli et serviable », a encore dit son père adoptif. « Il était gardien de but dans l’équipe de football. Franchement, c’était un bon gamin. II voulait travailler comme commercial ».

Mais, a-t-il ajouté, « il y a trois mois et demi environ mon ex-femme m’a appelé en me disant qu’elle était convoquée par l’imam d’Aix-les-Bains avec Malik. Elle m’a expliqué qu’il traînait avec des barbus. Quand j’ai voulu mettre mon fils en garde, il m’a répondu que j’étais raciste. En trois mois, ils l’ont endormi et lui ont retourné le cerveau. Dans la famille et dans son entourage personne n’a rien vu », a-t-il dit.