Le père d’Allison se pend après une dernière lettre d’amour

Le père d’Allison se pend après une dernière lettre d’amour

France-Le mari et le père des deux disparues de Perpignan, Francisco Benitez, s’est pendu sur son lieu de travail à la Légion étrangère en clamant son innocence et en délivrant un dernier message d’amour pour sa fille.

Le corps de Francisco Benitez, adjudant-chef chargé de recrutement à la Légion, a été découvert lundi peu avant 7H00 par son adjudant dans les sanitaires de la caserne où il travaillait, a indiqué une source proche de l’enquête. Il s’est donné la mort dans son uniforme, le visage dissimulé par un foulard noir.

Sa fille Allison, 19 ans, candidate à l’élection de Miss Roussillon, et son épouse Marie-Josée Benitez, 53 ans, restent elles-mêmes introuvables et, « malgré ce rebondissement, l’enquête continue », a indiqué à l’AFP le procureur adjoint Luc-André Lenormand.

Mais avec Francisco Benitez disparaît un « témoin très important », peut-être le dernier à avoir vu les deux femmes le 14 juillet, a-t-il dit.

Francisco Benitez, Espagnol naturalisé Français, a laissé une lettre et une vidéo publiée sur le site internet de Paris Match. Il a aussi envoyé des mails à des parents, des supérieurs et des camarades pour leur dire qu’il ne supportait plus le soupçon pesant sur lui, selon des sources proches de l’enquête.

Dans sa lettre, il clame son innocence et laisse des informations sur les personnes à joindre pour les formalités à accomplir après sa mort et pour son incinération.

« Allison, c’est ma vie »

La vidéo diffusée par Paris Match le montre très éprouvé.

« Les gens qui me connaissent vraiment, ils savent très bien que, pour moi, Allison, c’est ma vie. Mais ça, il y a seulement les gens qui me connaissent qui peuvent savoir ça », dit-il dans les sanglots. Visiblement au bout du rouleau, il dit dans un fort accent espagnol ne pas comprendre que sa fille reste si longtemps sans donner de nouvelles.

« Le plus dur pour nous, ça a été de lire des choses que les gens ont commentées et (dites) sans savoir », ajoute-t-il devant les interrogations parues dans la presse sur son silence, qu’il explique par l’épreuve traversée et la volonté de laisser la police faire son travail.

Les Benitez étaient en instance de séparation. Mais « on est une famille normale », assure-t-il. Ses derniers mots sont pour « (espérer) que ma fille sera retrouvée, ainsi que sa maman ».

Les enquêteurs ont d’abord envisagé des disparitions volontaires parmi les milliers d’autres répertoriées chaque année. Mais, trois semaines après, « on peut imaginer le pire », avoue désormais le procureur adjoint.

Selon les déclarations faites par Francisco Benitez à la police, les deux femmes ont quitté le domicile familial le 14 avec leurs valises, sans explication. Elles auraient dit leur intention de se rendre à Toulouse.

Depuis lors, les portables des disparues sont coupés. Aucun mouvement n’a été décelé sur leurs comptes bancaires. L’appel à témoins lancé par les policiers n’a rien donné.

Beaucoup de questions à lui poser

Les deux femmes n’avaient apparemment pas d’attache à Toulouse. Les proches d’Allison se demandent pourquoi elle s’est brutalement soustraite aux obligations du concours pour l’élection de Miss Roussillon, prévue dimanche prochain, alors que cette grande fille brune était, selon le comité, « la plus motivée ».

Allison participait encore à une réunion du comité ce 14 juillet à Canet-en-Roussillon. Son père était venu l’y chercher, comme convenu semble-t-il. C’est après leur retour à la maison que les deux femmes seraient parties.

Francisco Benitez aurait signalé leur disparition aux policiers à deux reprises, les 22 et 25 juillet, dit une source proche de l’enquête. Il avait fallu que des proches d’Allison l’y poussent, ajoute-t-elle.

La police judiciaire, qui devait recevoir du renfort de Montpellier et Paris, aurait certainement eu beaucoup de questions à lui poser et d’investigations à mener sur ses appels téléphoniques ou son emploi du temps, dit une source proche de l’enquête. Dorénavant, elle va aussi devoir s’intéresser aux conditions dans lesquelles a été tournée – seul ou pas – sa dernière vidéo, dit cette source.

Selon Caroline Mangez, rédactrice en chef actualités à Paris Match, la vidéo a été tournée par Francisco Benitez et remise dimanche à une pigiste avec laquelle il a continué à échanger dans la journée.