En établissant une liste des pays perdants et ceux qui gagnent dans cette crise, outre les membres de l’Opep, des craintes existent pour la Russie, où les hydrocarbures représentent la plus grande partie des rentrées budgétaires de l’Etat. «Le manque à gagner pourrait représenter (…) environ 2% du produit intérieur brut» par rapport au budget prévu actuellement, avait reconnu le ministre russe des Finances, Anton Silouanov.
Encore pire pour le Venezuela, dont l’économie s’est effondrée ces derniers mois au même rythme que les cours du brut. D’ailleurs, la crise explique en partie la victoire de l’opposition lors des élections législatives de dimanche. En Afrique, les pays producteurs sont à la peine.
«Les pays subsahariens qui dépendent fortement des exportations de pétrole (comme le Nigeria ou l’Angola) doivent désormais s’aligner sur cet environnement de prix bas, car ils disposent de moins de recettes», a prévenu Jermaine Leonard, directeur de l’agence de notation Fitch, dans une déclaration rapportée par l’AFP. L’agence, qui a déjà abaissé les notes de cinq pays producteurs cette année, n’écarte pas de nouvelles dégradations de notes. Les Etats ne sont pas les seuls à souffrir. Les groupes pétroliers ou parapétroliers subissent la baisse de plein fouet et voient leur action baisser en Bourse.
En parallèle, les consommateurs des pays importateurs de pétrole sont les premiers gagnants. Ils consacreront un budget moindre pour l’achat de combustible et disposeront donc d’une marge plus importante pour réaliser d’autres dépenses, une situation qui devrait donner un coup de pouce à la croissance. Cette baisse constitue aussi un soulagement pour la Chine qui fait face à un ralentissement de son économie. Elle constitue une bonne nouvelle également pour l’Inde, qui va continuer à se reposer essentiellement sur les énergies fossiles dans les prochaines années, pour nourrir une croissance économique de 7% par an. En Europe, la baisse du pétrole apporte un soutien non négligeable à sa croissance fragile.
Hafid Mesbah