Le pétrole plonge sous les 40 dollars pour la première fois depuis août

Le pétrole plonge sous les 40 dollars pour la première fois depuis août

Les cours du pétrole ont fini en forte baisse, sous les 40 dollars, mercredi à New York dans un marché déprimé par une accumulation de mauvaises nouvelles, à commencer par une nouvelle augmentation des stocks de brut aux Etats-Unis.

Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en janvier a perdu 1,91 dollar, soit 4,56%, à 39,94 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), terminant la séance sous les 40 dollars pour la première fois depuis la fin août. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a perdu 1,95 dollar à 42,49 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE).

Il n’y avait pas une miette de bonne nouvelle aujourd’hui dans les chiffres du ministère de l’Energie américain sur les stocks pétroliers, a souligné Bob Yawger, chez Mizuho Securities. En effet les stocks de brut ont augmenté de 1,2 million de barils, alors que les experts interrogés par l’agence Bloomberg avaient tablé sur un reflux de 800.000 barils. En outre, les stocks d’essence et de produits distillés, y compris le fioul de chauffage, ont également augmenté.

La production nationale (de brut) est au plus haut depuis le mois d’août, a noté M. Yawger, à 9,202 millions de barils par jour, et pris tous ensemble, ces chiffres suffiraient à envoyer les cours à la baisse. Mais il a noté deux autres facteurs de baisse pour la journée.

Le dollar s’est encore renforcé après un discours de la présidente de la Réserve fédérale américaine Janet Yellen, qui a précisé la perspective d’une hausse des taux d’interêt dans deux semaines. Or tout renforcement du dollar pèse sur les cours car il pénalise les acheteurs munis d’autres devises, les échanges étant libellés en billets verts.

Enfin, cet après-midi les Saoudiens ont annoncé leurs prix de vente, et qu’ils avaient offert des ristournes à leurs clients américains et asiatiques, a déclaré M. Yawger. On peut dire que c’est une gifle pour les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à deux jours de leur réunion à Vienne. M. Yawger a souligné que l’actualité prévisible des jours à venir portait également au pessimisme.

Demain il y a la réunion de la Banque centrale européenne, qui devrait décider de nouvelles mesures d’assouplissement pénalisantes pour l’euro, puis il y aura la réunion de l’Opep où rien ne va se passer.

La plupart des observateurs s’attendent à ce que le cartel, qui contribue largement à la déprime des cours en s’abstenant d’abaisser ses objectifs de production et en les dépassant nettement dans les faits, s’en tienne à sa stratégie actuelle consistant à inonder le marché d’or noir pour contrer les autres producteurs de pétrole et préserver ses parts de marché.

L’Opep pourrait même accroître la pression sur les cours si elle décide vendredi, quand l’Indonésie fera son retour au sein du cartel, d’augmenter ses quotas de production au-delà des 900.000 barils par jour que produit ce pays actuellement pour faire de la place à la production de l’Iran, ont prévenu les analystes de Commerzbank.

Selon Mike Dragosits, chez TD Securities, le fait que la Russie, autre producteur majeur d’or noir, ait décidé de ne pas envoyer d’observateurs à la réunion de vendredi montre qu’il n’y a pas de coopération entre les pays de l’Opep et hors de l’Opep pour faire baisser la production mondiale.

Ultime facteur de baisse, les prévisions météo des 5 à 10 jours à venir (aux Etats-Unis) montrent que les températures seront (nettement) supérieures à la normale, ce qui est de mauvais augure pour la demande en fioul de chauffage et donc pour l’utilisation des stocks surabondants actuels, a noté M. Yawger.

AFP