Il n’est pas exclu que le savoir-faire de la diplomatie algérienne fasse une incursion à l’occasion de ce sommet qui se tiendra dans la capitale algérienne à la fin du mois de septembre. Sa griffe peut faire des miracles.
L’information a circulé comme une traînée de poudre. Prenant de court les experts tout en secouant, dans son sillage un marché pétrolier qui s’est mis en berne durant pratiquement tout le mois de juillet. C’était toutefois dans l’air. Le Venezuela, un des pays les plus touchés par la dégringolade des prix du pétrole, avait annoncé la couleur, sans toutefois vendre la mèche. L’axe Alger-Caracas se dessinait à nouveau pour la mise en oeuvre d’une rencontre entre pays producteurs pour mettre fin à la déprime du baril. L’initiative s’est finalement concrétisée.
Sans crier gare. Comme lorsqu’on grille un feu rouge. «Une réunion informelle des pays membres de l’Opep est prévue en marge du 15e Forum international de l’énergie organisé du 26 au 28 septembre en Algérie», a annoncé, hier, le président de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, Mohammed Bin Saleh Al-Sada. Les cours de l’or noir ont aussitôt rebondi dans la foulée de ce communiqué. Hier, vers 11h00, heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre s’échangeait à 44,79 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres enregistrant ainsi une hausse de 52 cents par rapport à la clôture de vendredi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en septembre se négociait à 42,37 dollars, affichant un gain de 57 cents comparativement à la séance de cotation du 5 août.
L’effet d’annonce de la tenue d’un sommet informel de l’Opep à Alger a été déterminant, concernant cette légère embellie. «Une annonce inattendue de l’Opep comme quoi l’organisation va tenir une réunion informelle fin septembre a provoqué de nouvelles rumeurs sur une possible entente à propos des niveaux de production pour soutenir les cours du pétrole», a indiqué David Cheetham, analyste chez XTB. La baraka d’Alger. Il faut se rappeler que c’est sous la présidence de l’Algérie que furent opérées les baisses successives décidées par l’Opep pour faire face à une chute historique des prix du pétrole en 2008. Les cours de l’or noir après avoir dépassé les 147 dollars en juillet de cette année-là ont dégringolé sous les 34 dollars moins de six mois plus tard. Le 17 décembre 2008, l’Opep qui tenait son sommet extraordinaire à Oran, capitale de l’Ouest algérien, annonçait une réduction de sa production de 2,2 millions de barils par jour, après avoir procédé à deux précédentes baisses. 500.000 b/j en septembre et 1,5 million de barils jours en octobre. Soit une baisse record de 4,2 millions de b/j en quatre mois.
Un esprit qui n’habite plus le Cartel qui a fait étalage de dissensions que paient cash ses membres, dont l’Algérie qui a vu ses recettes pétrolières fondre comme neige au soleil. «Les prix du pétrole progressent sur de nouvelles spéculations quant à un gel de la production…les gains sont limités compte tenu de l’échec des précédentes tentatives sur fond de rivalités entre l’Arabie saoudite et l’Iran», fait remarquer Jasper Lawler, analyste chez CMC Markets. Une précédente initiative prise au Qatar avait donné l’espoir de voir les pays producteurs s’entendre sur une éventuelle décision de réduction de leur production pour éponger le surplus qui inonde le marché.
«L’Arabie saoudite et la Russie, les deux premiers producteurs de brut, sont convenues mardi (16 février 2016, Ndlr), au terme d’une réunion à Doha avec le Qatar et le Venezuela, de geler leur production à son niveau de janvier. Afin de stabiliser les marchés pétroliers, les quatre pays sont convenus de geler la production à son niveau de janvier, pourvu que les autres grands producteurs en fassent de même», a annoncé le ministre qatari de l’Énergie, Mohammed Saleh al-Sada. L’accord de Doha qui devait battre en brèche le statu quo imposé par le chef de file du cartel a finalement été torpillé par Riyadh et Téhéran lors du Sommet des pays producteurs qui s’est tenu le 17 avril dernier au Qatar. La haine ancestrale que se vouent L’Arabie saoudite et la République islamique d’Iran a tué dans l’oeuf cette tentative qui consistait à requinquer le baril. En sera-t-il de même à Alger? Il n’est pas exclu que le savoir-faire de la diplomatie algérienne fasse une incursion à l’occasion du sommet qui s’y tiendra dans moins de deux mois. Sa griffe peut faire des miracles.