Le phénomène de l’immolation par le feu prend des proportions alarmantes

Le phénomène de l’immolation par le feu prend des proportions alarmantes

Le phénomène de l’immolation par le feu prend des proportions alarmantes, devant le regard ahuri de l’opinion publique et des responsables politiques. La recrudescence de ces actes ne doit laisser personne indifférent. Suicide ou sacrifice suprême, la question interpelle tout le monde.

La détresse sociale pousse les malheureux à s’immoler par le feu ultime geste pour dénoncer leurs conditions sociales. Depuis le début des bouleversements dans le monde arabe en janvier 2011, on dénombre plus de tentatives d’immolation en Algérie que dans les autres pays arabes.

Ce phénomène continue de faire des ravages au sein de la population. Pas plus tard qu’avant-hier, dans la wilaya de Mascara, un jeune a décidé de s’immoler pour protester contre le retrait de son permis de conduire par la police. La victime brûlée au troisième degré, a succombé à ses blessures. Les raisons sont multiples mais le résultat est le même : on se sacrifie.

Dans certains cas on asperge même ses enfants avec de l’essence pour attirer l’attention sur un drame vécu en silence depuis des années, dans l’indifférence totale des services sociaux et de l’entourage immédiat. Le plus souvent le désespoir est en cause, à l’image de ce chômeur de 34 ans qui a tenté de se tuer devant le bâtiment de la sûreté d’Alger alors qu’il portait sur lui plusieurs demandes d’embauche, ainsi que des lettres adressées à différentes administrations, toutes restées sans suite.

Le même sentiment d’être abandonné par l’Etat semble prévaloir chez un jeune homme de 27 ans, qui s’est immolé au début de l’année 2011, près de la frontière tunisienne, pour protester contre le refus du P/APC de le recevoir, lui et un groupe d’une vingtaine de jeunes qui réclamaient des emplois et des logements.

A chaque fois, les difficultés du quotidien viennent expliquer le geste des immolés, à l’image d’un père de six enfants qui avait recouru au même acte désespéré après s’être fait exclure de la liste des bénéficiaires des logements sociaux de sa localité.

En face de ce drame qui prend de l’ampleur, les institutions de l’Etat interpellées par ces gestes désespérés, ne branchent pas. Selon une source bien informée, le nombre de cas d’immolation depuis le début de l’année 2012 est de 59. Le phénomène peut se propager et voir le chiffre des victimes augmenter.

Mohammed Zerrouki