Le pivot algérien

Le pivot algérien

Le 26e sommet de l’UA consacré à la promotion des droits de l’homme et ceux de la gent féminine en particulier, a été aussi l’occasion de réaffirmer un vœu cher au continent africain : obtenir la réforme des structure de l’Organisation des Nations unies afin d’accéder à davantage de poids au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU. Pour un droit de véto qui pourrait enfin réhabiliter une partie de l’humanité trop longtemps brimée.

La question dépasse bien entendu le simple fonctionnement organique, tant la réforme de l’ONU suppose une révolution dans les rapports entre les blocs géopolitiques du concert des nations.

L’Afrique, dont trois pays sont membres non permanents au Conseil de sécurité, n’exerce malheureusement aucune influence sur les décisions qui sont prises même lorsqu’il s’agit de résolution concernant directement le sort des Africains. Il en est ainsi de l’ordre mondial établi depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

De plus, la faiblesse militaro-économique de la grande majorité des pays du continent n’autorise aucun lobbying efficace au sein des instances onusiennes.

C’est pourquoi, l’héritière de la SDN, la Société des nations, demeure une machine qui produit davantage de frustrations qu’elle ne parvient à souder les différentes entités nationales dans la marche de la communauté internationale vers le progrès et une paix globale.

Ban Ki-moon interpellé

On comprend donc le discours d’ouverture du président sortant de l’UA, Robert Mugabe, doyen des présidents africains qui a vécu l’épopée anticoloniale : « Lors de notre récente réunion au Swaziland, nous avons discuté des réformes du Conseil de sécurité des Nations unies, et nous avons déclaré que deux sièges permanents au Conseil devraient être réservés pour le continent africain (…) Nous ne saurons pas relâcher notre appel pour des réformes au sein du Conseil sécurité de l’ONU. »

Un message direct adressé, avec le légendaire franc-parler de Mugabe, au secrétaire général des Nations Unis, Ban Ki-moon, invité à cette cérémonie. Selon des observateurs avertis, cette revendication est portée avec vigueur et détermination par l’Algérie, dont le chef de la diplomatie, Ramtane Lamamra, ne cesse de promouvoir l’idée d’une Afrique forte et écoutée sur la scène internationale.

Pour cela, Alger n’a jamais hésité à participer à toutes les bonnes initiatives de l’UA en s’affirmant comme une force de propositions sérieuses.

Le pivot algérien

Ces derniers jours, la délégation algérienne qui s’est rendue à Addis Abeba pour les travaux préliminaires tels le Conseil de paix et de sécurité de l’UA, a réitéré son appel pour une réponse efficace au terrorisme en pleine extension en Libye et en Afrique de l’Ouest, notamment.

Message à la communauté internationale l’incitant à une coopération plus franche ainsi que message aux pairs africains en faveur du renforcement du CAERT, par exemple, le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme dont le siège se situe à Alger et dont on peut vanter la clairvoyance des ateliers périodique et des recommandations tirées d’un laborieux travail continu.

C’est donc une communauté africaine qui se prend en charge et aspire à un renouveau onusien qui lui accorderait une place honorable alors que des projections fondées d’experts ès différentes disciplines prévoient un essor économique et une croissance démographique significative du continent noir dans un avenir proche. Un droit de véto ne serait qu’un retour à un peu de légitimité.

Les dirigeants africains en sont visiblement convaincus, comme l’atteste la formule de Robert Mugabe qui restera probablement dans les annales de la lutte des peuples pour l’émancipation : « Si l’ONU doit survivre, nous devons être traités comme des membres égaux. » Ban Ki-moon en aura pris acte…