Lors de son intervention au forum “Pensée et art”, initié par la maison de la Culture de Tamanrasset, Sid Ahmed Stambouli est revenu sur la situation des arts plastiques, l’absence de marché d’art et les problèmes que rencontrent les artistes pour vivre de leur métier.
Invité du forum “Pensée et art” organisé par la maison de la Culture de la ville de Tamanrasset, le plasticien Sid Ahmed Stambouli a dressé un tableau peu reluisant sur la situation des arts plastiques et les difficultés sur lesquelles bute la création artistique en Algérie.
L’absence de marché d’art permettant aux artistes de commercialiser leur production en dehors des salons occasionnels a été d’emblée soulevée par M. Stambouli qui n’est pas allé avec le dos de la cuiller quant au marasme qui frappe profondément ce secteur névralgique.
D’une voix empreinte d’animosité et de ressentiment, il fustige certains responsables du ministère de la Culture et dénonce leur partialité dans la sélection des participants aux diverses manifestations culturelles organisées à l’échelle nationale et internationale. “Le ministère est géré par des incompétents qui n’ont rien à voir avec l’art ou avec la culture.
Je l’ai moi-même constaté lors de l’organisation de l’Année de l’Algérie en France où on avait soumis nos demandes de participation à une commission néophyte qui n’obéissait qu’aux décisions arbitraires de Si Zoubir (président de la commission)”, a-t-il indiqué. “La valeur de la toile et des œuvres importait peu pour ces pseudo-responsables qui favorisent les plasticiens plagiaires et les amateurs dociles aux professionnels”, s’indigne l’orateur qui, faut-il le signaler, avait quitté le pays après avoir abandonné son poste de directeur de l’école régionale des beaux-arts de Mostaganem pour s’installer définitivement en Tunisie. “J’ai pris cette décision pour promouvoir mon activité, déterrer mes toiles du cimetière de l’oubli et par conséquent redonner aux arts plastiques leurs lettres de noblesse.
Il faut savoir qu’en Tunisie, l’artiste est estimé à sa juste valeur. Les galeries d’exposition sont souvent prises d’assaut. Par contre en Algérie, l’artiste est toujours marginalisé. L’adoption en 2014 du statut d’artiste n’a finalement rien apporté aux professionnels dont 90% vivent des autres créneaux d’activités”, ajoute M. Stambouli non sans dénoncer “les charognards privés qui exploitent nos artistes pour une misérable oseille. J’avoue que nos tableaux sont mieux mis en valeur à l’étranger qu’en Algérie où on consacre plus de cinq ans de formation et d’études en art pour, aussi paradoxal que cela puisse paraître, devenir chauffeur de taxi”.
En l’occasion, l’invité du forum “Pensée et art” a fait voyager l’assistance dans un monde d’émotion à son plus haut degré de résonance, traduit dans quelques œuvres reflétant une parfaite connaissance en expressionnisme et cubisme. Pour terminer, l’enfant de Khemis Meliana, dans la wilaya de Aïn Defla a fait part des moments ineffaçables de son parcours artistique et son souvenir indélébile lors de sa rencontre avec le fondateur de la peinture algérienne contemporaine, Mohamed Khedda.
Pour conclure, M Stambouli a relaté, non sans rire, son expérience avec la police aérienne des frontières qui l’a accusé de trafic d’œuvres patrimoniales alors qu’il s’apprêtait à quitter Alger pour participer à une manifestation culturelle à Tunis.