L’on n’a toujours pas de nouvelles de la requête des… 15 … Lui est-elle parvenue et a-t-elle été lue par le Président ?
Pendant que les initiateurs de la demande d’audience se posent ces questions, le Président disparaît à nouveau des écrans. Et la rumeur de transfert sanitaire qui court depuis une dizaine de jours n’a pas contraint la présidence à quelques gestes de communication. Il faut dire que le protocole présidentiel a coutume de prendre son temps pour réagir à l’impatience de l’opinion que suscitent les éclipses récurrentes du chef de l’État.
On attendait de prendre connaissance du projet de révision constitutionnelle dont il vient d’annoncer l’imminent dévoilement et nous voilà ramenés à demander les preuves de sa disponibilité.
L’état de stand-by que connaît le projet de Constitution depuis des années est significatif d’une posture politique : il y a loin de la coupe aux lèvres. Depuis l’avènement du régime Bouteflika en 1999, les nécessités de réforme n’ont jamais angoissé le pouvoir, y compris lorsqu’elles sont de sa propre initiative. Des intentions exprimées dès sa première année de règne en sont encore à l’état de projet. C’est ainsi que des canevas de réformes solennellement proclamés dès l’an 2000 attendent toujours de connaître un début de mise en œuvre. Quinze ans plus tard, la réforme de la justice, de l’école et celle de l’administration sont toujours au stade de velléités. À peine quelques progrès consentis au gré de la volonté de quelques ministres. C’est le cas du code de procédure pénale, en matière de justice, des efforts de simplification dans la délivrance des documents administratifs au niveau municipal et de récentes initiatives dans le domaine pédagogique…
Le moins que l’on puisse dire c’est que ce n’est pas assez et ce n’est pas trop tôt. Le retard est immense quand on considère le temps mis à adopter des évolutions qui, d’évidence, s’imposaient à nous comme elles se sont imposées au monde. La nonchalance méfiante avec laquelle le pouvoir a accueilli les dernières mutations dans le domaine de la communication et de l’internet en dit long sur sa capacité de résistance au progrès. Il y a plus de diligence dans la mise en place de la “cyberpolice” que dans le développement des TIC.
Ce n’est pas le manque de ressources qui peut justifier cette lenteur. C’est peut-être même le trop-plein de ressources qui a permis au régime le luxe de la résistance au progrès. Le pouvoir a tout le temps de réformer puisqu’il peut financer la stagnation et l’immobilité.
Pourquoi changer quand on peut laisser les choses en l’état ? C’est cette logique qui a conforté le régime dans sa conviction qu’il peut reconduire indéfiniment un Président. Et qui nous amène aujourd’hui à devoir régulièrement vérifier s’il est encore là.
M. H.