Les résultats définitifs des législatives du 10 mai, tant attendus, ont été rendus publics, mardi, par Tayeb Belaïz, président du Conseil constitutionnel. Hormis les Indépendants, hissés au 5e rang, le Parti des Travailleurs qui recule d’un siège et le Parti des Jeunes qui a une place désormais dans la prochaine Assemblée, le «verdict final» n’a pas apporté de grandes surprises. Pour le directeur du Centre de recherches stratégiques et sécuritaires, Mhand Berkouk, la distribution des sièges est «concentrée autour de la tendance nationaliste.» Majoritaires, le FLN et RND, avec des «alliances qui seraient construites, auraient les deux tiers nécessaires à l’amendement de la Constitution.» Contacté hier par nos soins, le Pr. Berkouk affirme que l’Algérie aura «un Parlement de stabilité.» Selon lui, les débats, quant à eux, porteront «sur la nature du système politique tout en garantissant un élargissement des droits et libertés.» Dans son analyse, l’universitaire souligne que les chiffres communiqués ont fait ressortir une baisse de taux de participation générale des partis de la tendance islamiste. Leur score qui a été de 15,63% des suffrages, en 2007, passe à moins de 10% lors du scrutin du 10 mai précédent. Nonobstant d’une Alliance de l’Algérie verte qui regroupe le MSP, El Islah et en-Nahda, « les Islamistes ont perdu du terrain » dira le directeur du CRSS qui affirme que le nombre de partis qui ont accédé au Parlement, «consolidera l’encadrement démocratique du citoyen par de nouveaux vecteurs, de nouveaux acteurs de mobilisation dans l’encadrement politique.» La prochaine Assemblée s’annonce des plus importantes. Car, relève Pr. Berkouk, «on sera essentiellement face à un grand débat d’idées compte tenu des différences en termes d’expériences, d’ancrage social, d’idées et idéologies.» Cependant, si les précédentes APN ont réalisé des acquis, la toute nouvelle doit procéder à quelques changements «pour une meilleure crédibilité». Que changer ? «Si on arrive à revoir le règlement interne au Parlement, on sera face à une assemblée plus dynamique que la précédente.» Outre cette substitution technique, le politologue juge qu’il est grand temps de « faciliter la création de comités d’enquête sur les questions d’intérêt citoyen et national.» le Pr. Berkouk fera savoir que l’Algérie «sera dans le besoin de créer une charte de déontologie du parlementaire.» Ce dernier pourra, dans ce cas, «remplir son contrat moral avec les citoyens algériens, notamment ceux de sa circonscription électorale.» Interrogé à propos des futurs six groupes parlementaires qui composeront l’APN, l’universitaire, dira : « C’est un nouveau schéma de stabilité et de crédibilité.»
Le FJD dans l’AAV, le MPA au sein de l’alliance présidentielle
Fin connaisseur de la chose politique l’universitaire n’en n’est pas moins optimiste quant à la prochaine composante. S’agissant de l’option d’émergence de nouvelles alliances au sein de la future APN, l’expert évoquera le cas du Front pour la justice et le développement (FJD), qui «doit composer dans un cadre de l’opposition», Et d’ajouter : « Il est plus probable pour que cette formation passe à une collaboration tactique avec l’Alliance verte». En effet, s’attendant à un score probant, le FJD s’est contenté de sept sièges. Les pronostics de son président, Abdellah Djaballah qui se voyait première force politique du pays, ne se sont pas avérés. Aussi, le politologue a estimé que « d’autres coalitions peuvent naître à la prochaine Assemblée ».
Le Pr Berkouk a évoqué dans ce contexte le cas du Mouvement populaire algérien (ex-UDR) de Amara Benyounès, « qui pourrait composer avec le RND et le FLN.» Sur sa lancée, il trouve improbable une éventuelle alliance entre le FFS et le PT.
Selon lui, les deux partis «requièrent des négociations assez importantes sur un leadership digne de l’opposition ». Aussi entre les deux partis, ce sont «deux histoires différentes, deux ancrages sociaux différents et des discours politiques qui ne sont pas convergents.» Non contente de sa 6e place, la formation de Louisa Hanoune doit trouver des explications, selon le politologue, dans «son discours qui n’arrive pas à accrocher l’opinion publique, notamment en ce qui concerne la notion du secteur public, de l’économie et la Constituante qui a été rejetée», ceci d’autant qu’au PT et au sein de plusieurs autres partis, « il n’y a pas un changement d’élite », poursuit l’universitaire. A propos des partis qui n’arrivent pas à avaler la pilule de l’échec, le politologue affirme qu’il s’agit d’un « défaut de culture politique.» « Au lieu de se contenter de discours de mobilisation des troupes», Pr. Berkouk juge qu’il serait plus judicieux à ces partis « de préparer leur électorat car le jeu de la participation politique peut être corrigé dans les échéances à venir.»
Fouad IRNATENE