Pour Djamel Aïdouni, «le magistrat ne peut rendre librement la justice que s’il est lui-même réellement indépendant».
Mettant le magistrat au centre de toute action visant à l’amélioration du fonctionnement de la justice, Djamel Aïdouni, président du Syndicat national des magistrats (SNM) n’y est pas allé par quatre chemins pour affirmer que sans «une indépendance effective (de celui-ci), il serait vain de parler d’une quelconque indépendance de la justice».
Un préalable qui lui a permis d’exposer, lors de son passage, hier, à l’émission «Le Forum de la radio» de la Chaîne 1 de la Radio nationale, les conditions sine qua non à réunir pour qu’il le soit effectivement. Pour Djamel Aïdouni, «le magistrat ne peut rendre librement la justice que s’il est lui-même réellement indépendant». Et ce, a-t-il précisé, «vis-à-vis des personnes qu’il a à juger, des pouvoirs de l’argent, de la classe politique, de la presse, de l’administration judiciaire et de…l’ignorance». Ce dernier point pour dire que le magistrat est tenu de se former continuellement s’il ne veut pas être dépassé par les évolutions que connaît, du fait de celles, essentiellement, technologiques en cours dans la société, le secteur de la justice. Notamment dans la nature des crimes et délits à juger.
Dans la foulée, et tout en précisant que l’indépendance de la magistrature n’est qu’un élément, certes essentiel, de celle de la justice, il n’a pas manqué de souligner que si la séparation des pouvoirs était un des socles de la pratique démocratique, celle-ci, pour être efficiente, ne peut aucunement se passer d’un équilibre entre eux. Un équilibre qu’il a souhaité voir garanti par des dispositions constitutionnelles à inscrire dans la Constitution en cours de révision. Et ce, d’autant plus, a-t-il déclaré, que nombre de pays africains, dont nos voisins immédiats de l’Est et de l’Ouest, sont allés loin dans cette voie», celle de la séparation des pouvoirs. Et à propos de révision constitutionnelle, le président du SNM qui, en l’occasion, a précisé qu’il n’avait toujours pas pris connaissance du projet du nouveau texte constitutionnel, a souhaité que celui-ci «définisse de nouveaux mécanismes à même de renforcer l’indépendance de la justice».
Un souhait qu’il a accompagné d’un net refus de voir ce renforcement passer par celles des prérogatives du Conseil constitutionnel: Djamel Aïdouni penchant, plutôt, par le renforcement de celles du Conseil supérieur de la magistrature, dont il a souhaité voir son vice-président – son président étant statutairement le président de la République en exercice – dorénavant élu par ses pairs. Interrogé sur les nouveaux mécanismes visant à assurer la transparence des élections à venir dont a parlé le président de la République dans son message du 1er novembre dernier, devant figurer dans la nouvelle Constitution, il a préféré ne pas s’y prononcer. Et ce, en arguant deux raisons: la première est que le «SNM préfère attendre de prendre connaissance directement de la mouture de la nouvelle Constitution pour s’y prononcer» et la seconde, que «le problème concernait en priorité les politiques». Ceci, non sans souligner que, «si la Constitution réservait expressément une place aux magistrats dans la commission de surveillance des élections prévue, ceux-ci y participeraient pleinement». Une manière de dire que les magistrats ont toujours répondu présents quand il y allait de l’intérêt supérieur du pays. C’est, d’ailleurs, en invoquant cet intérêt que Djamel Aïdouni a justifié le non-recours de ces derniers aux actions de rue pour revendiquer leurs droits. Et ce, a-t-il tenu à le souligner, «malgré les nombreux problèmes sociaux auxquels la majorité d’entre eux est confrontée…».
S’exprimant sur les nouvelles dispositions introduites dans le Code de procédures pénales, qui entreront en vigueur au début de la prochaine année, le président du Syndicat national des magistrats les a qualifiées de positives. Et ce, en ce qu’elles renforcent, a-t-il dit, «les droits individuels, notamment de ceux des personnes poursuivies en justice…».