Abderrezak Mokri et Hachemi Djaboub sont parmi les cadres pressentis pour présider aux destinées du parti.
La course à la succession est ouverte au parti de Bouguerra Soltani. Le processus devra être théoriquement «entamé dès aujourd’hui», a déclaré le président de parti sortant, M. Soltani à la clôture de la deuxième session ordinaire du conseil consultatif. «Je ne reviendrai pas sur ma décision de quitter la présidence du parti», a-t-il affirmé en marge des travaux du Conseil Consultatif. «Ma position est désormais définitive et irréversible», ajoute-t-il.
Il précise que «même si éventuellement des groupes de militants à travers différentes wilayas tentent de proposer ma candidature à la tête du parti, je ne saurais leur prêter l’oreille ou accéder à leurs voeux». Sur un autre plan, Bouguerra Soltani annonce que sa formation rejette «les amendements mineurs ou (relookage) de la constitution». «Ou c’est la révision profonde ou c’est rien», indique-t-il. Soltani qui souhaite lancer la débat sur l’exploitation du gaz de schiste plaide aussi pour la criminalisation de la colonisation.
Dans ce contexte, il est relevé que le parti n’a pas encore fixé l’approche à adopter pour ce processus de succession qui sera déjà en cours. On ignore si le futur président du mouvement sera le précurseur aux tractations qui seront menées à travers les structures locales pour faire sortir deux à trois, voire quatre potentiels candidats. Les cadres du MSP, à l’image de l’ex-ministre du Commerce, Hachemi Djaboub et le président du groupe parlementaire Naâmane, citent également une autre option qui consiste à laisser le champ ouvert à l’ensemble des militants habilités ou réunissant les critères nécessaires. L’une des conditions requises par les statuts de cette formation est d’avoir au moins 10 ans de militantisme au sein des structures du parti, souligne ce même responsable. Il faut toutefois rappeler que le MSP a vu ses rangs désertés récemment par 64 sur 275 membres du conseil consultatif qui ont rejoint TAJ, le parti d’Amar Ghoul. Pas seulement, puisque environ 8 sur 18 membres de bureau exécutif ont fait de même.
Les membres du conseil consultatif restant qui sont au nombre de 214 auront de facto la qualité de congressistes ainsi que quelques ministres et parlementaires. Le reste sera délégué par les assemblées générales des bureaux de wilaya au prorata au nombre de militants. Le président du conseil consultatif, Saïdi et le vice-président du mouvement, Abderrezak Mokri, sont deux personnalités en vue qui sont pressenties au poste du président du mouvement en remplacement de Bouguerra Soltani. Il est à noter que le Conseil consultatif recommande à son groupe parlementaire de faire une proposition relative à l’ouverture des débats sur l’intervention militaire et la crise au Mali et à défaut de lancer l’initiative avec d’autres partis sur cette question.
Dans sa lette remise à son conseil consultatif, une institution souveraine entre deux congrès, réunis en session ordinaire ce week-end, le successeur de Mahfoud Nahnah à la tête du MSP depuis 2003 ne compte plus briguer un troisième mandat lors du 5e congrès prévu au mois de mai prochain. Le président du MSP a déclaré lors de la session du même conseil consultatif tenu au début du mois de juillet dernier, qu’il n’était pas prêt à remettre sa démission avant le prochain congrès. Dans son discours prononcé en cette occasion, il a également exclu la tenue d’un congrès extraordinaire pour élire son successeur et demande à ses détracteurs au sein du parti d’attendre 2013. Il justifie son retrait précoce par le souci dû au respect des statuts du parti. Cela prouve, selon lui, l’engagement de sa formation à donner l’exemple avant de formuler des propositions ou défendre la limitation des mandats présidentiels lors des amendements de la Constitution.
Les déboires de Soltani, désormais très contesté, ne datent pas d’aujourd’hui. Même tombé en disgrâce auprès du pouvoir en place, la position de Soltani pèche par son refus, longtemps assumé, d’entrer dans le costume d’opposant. Il a une attitude pour le moins ambiguë vis-à-vis du pouvoir. Il s’est rallié au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en formant une alliance avec le RND et le FLN. Cette prise de position affichée d’islamiste modéré et fréquentable lui a valu une perte de cote dans les milieux islamistes. Son soutien inconditionnel en 2009 pour un troisième mandat au président de la République a entraîné la démission de plusieurs membres de son parti, dont l’ex-ministre de l’Industrie, Menasra, qui s’est soldée par la création le 16 avril 2009 d’un nouveau parti islamiste, le Mouvement pour la prédication et le changement.
Accusé par les cadres du MSP d’avoir été à l’origine des échecs cuisants lors des législatives et du double scrutin pour le renouvellement des APC et APW ainsi que le renouvellement de la moitié des membres élus du Conseil de la nation, Bouguerra Soltani a vu son autorité de plus en plus contestée