Remettant en cause une idée reçue, le professeur en économie Youcef Benabdellah estime que le problème de l’Algérie, au plan économique, n’est pas du à la baisse de ses réserve de change (moins de 80 milliards de dollars) mais à une déficience de gestion de son économie.
Accueilli, lundi, à l’émission L’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne, celui-ci considère que la récurrence de la question relative aux réserves de change, « un faux débat » a été sciemment entretenue par le discours officiel.
Mentionnant le niveau des importations du pays et se référant à ce propos à des statistiques mondiales, M. Benabdallah constate, par exemple, que des pays à l’exemple du Maroc et la Tunisie, ne disposent pas du même « confort » et pourtant n’affichent aucune inquiétude.
L’explication, dit-il, c’est que ces pays sont dans une dynamique « de flux », assurés qu’ils peuvent payer leurs importations en échange de leurs exportations habituelles, « contrairement à l’Algérie qui est restée accrochée à l’indice du prix du pétrole ».
La richesse d’un Etat, souligne-t-il, s’évalue par sa capacité à produire, à inventer, innover et à mettre les gens au travail, avec pour résultat une diversification de ses exportations.
Comparant la courbe des exportations Algérienne sur le long terme, constituées majoritairement d’hydrocarbures , dont le volume « a commencé à baisser depuis six ou sept ans », à celle des importations, également en volume, il note qu’elles sont à l’origine d’un taux de croissance « proche de zéro ».
Compte tenu de ces divers aspects, M. Benabdallah signale que les diverses études qu’il a eu à consulter perçoivent l’Algérie comme « l’un des pays les plus dépendants sur le plan alimentaire en Afrique », ajoutant que la ration alimentaire consommée par ses habitants est importée à 70%.
Selon lui cet ensemble de paramètres va contribuer à « neutraliser » un certain nombre d’instruments de gouvernance économiques, qui devraient, affirme-t-il, déboucher sur une dévaluation destinée à « renflouer les caisses de l’Etat ».
Il reste maintenant, observe-t-il, à savoir comment cette situation va être « absorbée socialement et économiquement », une question pour laquelle il avoue n’avoir pas de réponse d’autant, déclare-t-il, « que ce n’est pas du jour au lendemain que notre agriculture va produire plus de blé, plus de viande, plus de lait, ni que nos entreprises vont développer une offre se substituant aux importations ».