Les réserves de change de l’Algérie se rétrécissent d’année en année comme une peau de chagrin, se contractant à 151 milliards de dollars à fin d’année 2015 pour ensuite la voir dégringoler à 121 MDS de dollars à fin 2016 selon les déclarations de notre ministre des Finances Abderahmane Boukhalfa devant les membres de l’APN en séance plénière.
Il n’a pas caché dans son Projet de Loi des Finances (PLF) pour 2016 que la réserve de change de l’Algérie continuera encore à baisser inéluctablement à force d’y plonger la main en permanence notamment pour soutenir les importations nécessaires et incontournables qui lui font perdre à ce rythme près de 15,3 mois de sa longévité chaque année.
Comme pour nous prévenir du pire, il a comparé cette baisse de près de 38 milliards de dollars à 23 mois d’importations sur une période de 18 mois. En extrapolant cela signifie aussi que nous perdons 15,3 mois d’importations chaque année et les réserves de change de l’Algérie vont en s’amenuisant petit à petit pour se volatiliser dans au plus tard cinq ans .
La peau de chagrin qu’il détient entre les mains sera ainsi sacrifiée sur l’autel des solutions faciles et de l’envie irrésistible de faire durer la vie de château. A défaut de créer des richesses lui-même pour son propre pays, le système en a fait créer chez les autres et pour les autres tout en important ce qui fait la pauvreté ici chez nous.
Ce qui a fait prononcer, il fut un temps, à M. Benbitour cette lumineuse sentence : « Le système exporte des richesses et importe de la pauvreté ». Un jugement d’économiste clairvoyant et aguerri, il a vu avant tout le monde la dérive du bateau Algérie et les situations catastrophiques où elle nous a menées.
Bizarrement, notre ministre des Finances n’a pas sifflé un seul mot sur la réduction du train de vie des pontes du système, de la nomenklatura prédatrice, de ses institutions-budgétivores que sont l’APN, le Sénat, le Gouvernement, les ministères, les consulats, le financement des partis-Etat etc…Quand on a le souci de la rigueur, Il faut avoir le courage aussi de parler devant les élus du peuple, des coupes budgétaires sur le fonctionnement de ces institutions, celles qui pourraient nous faire compenser les pertes sur les recettes pétrolières ou nous faire gagner des années d’importations.
Justement l’un ne va pas sans l’autre, la réserve de change est devenue une véritable peau de chagrin entre les mains du système politique. Une peau de chagrin qui lui permet de tout s’offrir mais qui en même temps se rétrécit d’année en année réduisant sa longévité et sa stabilité au pouvoir dans un rapport inverse à son train de vie de flambeur qu’il ne voudrait pas voir stoppé, ni affecté.
Khelaf Hellal