Le gouvernement semble s’être décidé à impliquer les parlementaires en prévoyant de leur envoyer en septembre prochain pour examen et adoption le projet de loi sur la retraite.
Décidés «à en finir» en optant pour sa promulgation par ordonnance, le Premier ministre et le secrétaire général de l’UGTA semblent revenir sur leur choix d’adoption du nouveau projet de loi sur la retraite. «Ils ne pensent plus le faire adopter par ordonnance mais par voie parlementaire», nous dit-on du côté du palais du gouvernement. L’ordonnance constituait pour eux un choix idéal pour éviter les polémiques stériles autour d’un projet de loi qui est loin de faire l’unanimité. (Voir le Quotidien d’Oran du mardi 28 juin 2016.) Il est certain que le refus de l’option de l’ordonnance a été exprimé par le président de la République parce que, nous dit-on, « il pense qu’il est plus judicieux d’ouvrir des débats (publics) autour du projet pour permettre aux travailleurs de tout savoir sur leur droit de départ à la retraite». On apprend alors que Abdelmalek Sellal et Abdelmadjid Sidi-Saïd ont convenu ensemble sur instruction du chef de l’Etat «d’impliquer directement les députés dans le débat sur la retraite en leur envoyant le texte à l’Hémicycle dès septembre prochain». Ce qui leur permettra, nous dit-on, «d’avoir la meilleure manière pour placer la balle dans le camp des parlementaires et les laisser discuter du nouveau projet comme ils veulent ; l’essentiel est qu’ils ne prendront pas à eux deux seuls la responsabilité de faire signer un texte qui fait enfler depuis plusieurs mois les polémiques les plus saugrenues dans les milieux des travailleurs». Le gouvernement inscrira ainsi en principe cette nouvelle loi parmi celles qu’il enverra en septembre à l’APN.
Pour rappel, la nouvelle loi fixe l’âge de la retraite à 60 ans mais laisse la porte ouverte à toutes les options, y compris celle d’une retraite promotionnelle même si l’appellation en question n’y figure pas. «Le législateur a même prévu de faire bénéficier les travailleurs activant dans des postes de haute pénibilité d’un départ avant l’âge légal, le monde du travail n’est pas du tout lésé», nous disent des conseillers du 1er ministre. «Les syndicalistes veulent monter au créneau à propos d’un texte qui, en réalité, n’oblige à aucune contrainte en matière de retraite», relèvent-ils. L’essentiel pour le gouvernement est, selon eux, «de convaincre le plus grand nombre de travailleurs à ne pas opter pour un départ avant 60 ans, c’est franchement pour éviter d’approfondir les déséquilibres financiers de la Caisse nationale de retraite(CNR)».
En ces temps de pré-campagne pour les locales et les législatives de 2017, si le gouvernement s’empresse de responsabiliser les députés dans l’adoption d’une loi qu’il estime importante et d’éviter ainsi «les polémiques stériles», il offre aux partis siégeant au Parlement un superbe cadeau de propagande.
Il en sera ainsi notamment si leurs représentants au boulevard Zighoud-Youcef reviendront sur le fond de la question et rejetteront l’âge de départ à la retraite arrêté conjointement par le 1er ministre et le SG de l’UGTA. A moins que le FLN et le RDN ne se chargeront de faire taire les voix discordantes en accordant au projet leurs voix réunies.
Ce sera le premier pas d’une rentrée sociale à partir de laquelle les partis politiques, des plus grands aux plus petits, s’agiteront pour se placer sur l’échiquier national tel que les nouvelles lois sur les partis et sur les élections doivent le dessiner.