Le putsch de Boumediene

Le putsch de Boumediene

Le 19 juin 1965, Houari Boumediene, alors Ministre de la Défense Nationale, organise un coup de force militaire pour renverser, le président en exercice Ahmed Ben Bella et devient le deuxième président de la République Algérienne Démocratique et Populaire du 19 juin 1965 au 27 décembre 1978 tout en gardant son porte feuille de Ministre de la Défense.

Proche de l’arabophonie et de la vision unique, refusant les accords conclus entre le président en place Ahmed Ben Bella avec l’opposition conduite par Hocine Aït Ahmed, alors responsable du FFS, Houari Boumédiène conteste le régime de son allié Ben Bella. Ne partageant pas les orientations politiques de ce dernier, il décide le 19 juin 1965 de mener un coup d’État au terme duquel il devient le nouveau président de l’Algérie. Après l’indépendance du pays, celui-ci, membre fondateur du FLN, avait réussi à triompher de ses adversaires politiques grâce à l’appui de Houari Boumediene, alors chef d’État-major de l’armée de libération nationale. Mais peu à peu, la politique d’auto-gestion de Ben Bella (nationalisation et gestion collective des terres appartenant aux anciens colons), l’éclatement du FLN et des difficultés économiques surgissent. Les insurgés dénoncent alors la mauvaise gestion du pays et la personnalisation du pouvoir. Houari Boumediene, Ministre de la Défense sous Ben Bella, met alors en place un pouvoir à base militaire, dont il préside l’organe exécutif, le Conseil de la Révolution. Il élimine toute forme d’opposition. Il jouit très vite d’un fort prestige à l’étranger, grâce à son action au sein du mouvement des non-alignés. Ses réformes économiques (gestion nationalisée du pétrole), la mise en place d’un parti unique et d’une religion (l’Islam) au service de l’État, la révolution agraire contribuent à nourrir le patriotisme en Algérie. Une semaine après le renversement de Ben Bella, le Conseil de la Révolution tente de légitimer sa prise de pouvoir. Ainsi lors de sa conférence de presse, le Commandant Slimane critique par des termes très violents le bilan de Ben Bella, parlant de la « forfaiture » de l’ancien chef de l’État. Il accuse ainsi Ben Bella d’avoir voulu monopoliser le pouvoir à son profit, sans respecter les institutions en place.

Ces paroles sont paradoxales, venant d’un des organisateurs du coup d’État militaire qui vient de destituer un président élu. En réponse aux questions des journalistes, Bouteflika, Ministre des Affaires Étrangères à l’époque revient sans cesse sur la légitimité que les hommes au pouvoir retirent de la lutte menée pour l’indépendance. Boumediene, chef de l’Armée de Libération Nationale, est ainsi présenté comme un héros de ce combat, et donc naturellement légitimé à exercer le pouvoir. Il évoque plus largement le sacrifice consenti durant la guerre par l’ensemble du peuple algérien en donnant une estimation très large du nombre de morts au combat. La rhétorique utilisée par Bouteflika se place selon lui en continuité avec la lutte pour l’indépendance menée entre 1954 et 1962. Elle s’inscrit également dans la lutte contre « l’impérialisme, le colonialisme et le néo-colonialisme » initiée par le mouvement des non-alignés, mouvement mis en place à Bandung et dont l’Algérie va devenir un des pivots.

Par Riad