Pour qu’on soit d’accord ou pas. Le classement de la musique du Rai, chant populaire d’Algérie, au patrimoine culturel immatériel de l’humanité intervient très en retard.
Cheikha Rimitti, Hasni, Khaled, Mami, Nasro… Et pleins d’autres artistes du rai ont marqué la présence de la musique algérienne dans les quatre coins du monde. Certains de ces icônes du chant populaire DZ sont même devenus par suite des stars mondiales.
Ce 1 décembre 2022, plusieurs décennies après sa création, le Rai intègre enfin la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ; établie par UNESCO. (L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture).
Avec le nouveau classement du Rai, l’Algérie compte désormais neuf éléments inscrits sur la liste du patrimoine mondial. Quels sont ces 9 éléments ? Le couscous algérien, calligraphie arabe, le S’boue, la Chedda (costume nuptial de Tlemcen), Ahellil du Gourara, Rakb Ouled Sidi Cheikh, imzad et la cérémonie de la Sebeïba.
Le « coup de boost » de Dj Snake
Non, ce n’est pas une coïncidence. Disco Maghreb a beaucoup influencé sur cette décision. L’artiste franco-algérien William Sami Grigahcine, connu sous Dj Snake a contribué « indirectement » à la démarche du classement du Rai au patrimoine de l’UNESCO.
En voulant rendre hommage au Rai avec son titre Disco Maghreb, Dj Snake a donné un gros « coup de pub » à la culture des milieux bédouins ruraux de l’Ouest algérien. Un buzz mondial suivi de la visite, en aout dernier, du président français Emmanuel Macron au célèbre label oranais du Rai, devenu aujourd’hui un lieu incontournable pour les touristes.
L’artiste algérien ne s’est pas arrêté là. Il en a rajouté une couche avec un superbe remix de la célèbre chanson de Cheb Khaled « Trigue Lycee ». Certes, ce dernier titre n’a pas fait autant de bruit que Disco Maghreb, mais la grosse réputation de Dj Snake fait toujours pencher la balance en la faveur de son travail.
D’un autre côté, rappelons aussi, les artistes du Rai ont disparu ces dernières années. Le seul qui en reste, c’est Cheb Khaled, mais depuis quelque temps, on le voit rarement sur scène.
Qui est Cheikha Rimitti, la reine du Rai ?
Née en 1923, Saâdia Bedief, connu sous le nom d’artiste Cheikha Rimitti, a ouvert la voie à la popularisation du raï dans les années 1940.
Malgré son entourage conservateur et les difficultés financières, la diva du Rai a donné naissance à un nouveau genre musical, alors qu’elle était Analphabète : Elle composait des chansons sans papiers ni stylo.
« Les chansons me trottent dans la tête. Je les retiens de mémoire puis, je les chante, pas besoin de stylo ni de papier », disait la reine du Rai qui l’Algérie lui doit aujourd’hui le développement d’une partie de sa culture.
Après une longue carrière d’artiste, marquée de pleins de succès, Cheikha Rimitti s’envole en 1977 vers la France. Elle s’installe à Paris où elle anime plusieurs concerts de Rai. En 2006, la Diva decéde à l’âge de 83 ans d’un malaise cardiaque.
« Ana li Wledt Rai » (C’est moi qui ai enfanté le Rai), disait Rimitti.