Des lycéens de Béjaïa, au nord de l’Algérie, sont sortis dans la rue jeudi 27 février pour demander un arrêt précoce des cours pour pouvoir réviser le baccalauréat. Un motif a priori anodin et pourtant la manifestation a tourné en affrontements violents avec les forces de l’ordre. Selon notre Observateur, c’est le signe d’un ras-le-bol généralisé chez les jeunes algériens.
Les professeurs de l’enseignement secondaire et technique (collège et lycée) étaient en grève depuis le 26 janvier. Leurs revendications portaient essentiellement sur le droit au logement pour les enseignants, une médecine du travail et des augmentations de salaires pour certaines catégories de personnel. Ils ont mis fin à leur mouvement de protestation au bout de quatre semaines, après une rencontre avec la direction de la Fonction publique.
Cette grève ayant causé un retard dans les cours pour les lycéens, et plus particulièrement pour les futurs candidats au baccalauréat, ces derniers sont à leur tour entrés en grève lundi 24 février, dans plusieurs régions du pays. Ils demandent l’arrêt des cours avant fin avril pour avoir le temps de réviser.
« La manifestation a été très vite rattrapée par l’actualité politique »
Oudjedi est étudiant à Béjaïa.
Il y a eu des débordements de part et d’autre. Les manifestants ont vandalisé des établissements publics et la police, de son côté, a eu une réaction totalement disproportionnée.
Les lycéens sont sortis simplement pour défendre leurs droits, mais la manifestation a été très vite rattrapée par l’actualité politique. On a entendu des slogans qui dénonçaient la décision de Bouteflika de se représenter pour un quatrième mandat [les élections présidentielles en Algérie auront lieu au mois d’avril]. Et d’autres personnes plus âgées ont rejoint le mouvement, devenu une contestation sociale et politique. C’est ce qui explique aussi que la police ait réagi avec autant d’agressivité.
Au fond, cette histoire de suspension des cours n’a été que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. La situation est tendue en ce moment dans le pays, avec les scandales politiques à répétition entre les différents clans au pouvoir, et les médias nationaux relayent tout ça sans rien expliquer. La population se sent manipulée car on ne comprend pas grand-chose de ce qui trame dans les coulisses.
Cela peut étonner que des adolescents se sentent concernés par la situation politique du pays, mais depuis toujours, les lycées en Algérie ont été le berceau des mouvements de contestation. Ce fut notamment le cas au début des années 1980 à Béjaïa, ou en 1988 dans toute l’Algérie.