Le rassemblement pour la Kabylie met en garde: “Le pouvoir de l’ombre pousse à une explosion sociale”

Le rassemblement pour la Kabylie met en garde: “Le pouvoir de l’ombre pousse à une explosion sociale”

Le mouvement pointe “une lutte pour le pouvoir et rien que pour le pouvoir”, avertissant que “la dépolitisation de cet affrontement à huis clos constitue la plus grande menace pour le pays”.

Le Rassemblement pour la Kabylie (RPK) a mis en garde, hier, contre le risque d’une explosion sociale vers lequel le “pouvoir de l’ombre” est en train de diriger le pays, avec la contribution des partisans du 5e mandat qui, estime ce mouvement autonomiste, n’ont d’objectif que de sauvegarder leurs positions prééminentes, “quitte même à mettre le pays à feu et à sang”. “Alors qu’une demande forte pour un changement politique et institutionnel se fait sentir à travers tout le pays, les forces du statu quo poussent dangereusement vers une voie qui va directement vers l’effondrement de l’État et par conséquent l’effritement national”, avertit le RPK dans la déclaration de politique générale qui a sanctionné les travaux de sa rencontre de samedi dernier à Béjaïa.

Plus explicite, le RPK estime qu’“en dévoyant les institutions formelles de l’État par une instrumentalisation éhontée, en poussant la corruption à des niveaux jamais atteints, en bloquant tout processus de libéralisation politique, le pouvoir de l’ombre est en train de préparer les conditions objectives pour une explosion sociale”. Les affrontements des clans au sommet de l’État ne sont pas, aux yeux des rédacteurs de la déclaration, de nature à arranger les choses, bien au  contraire, puisque, estiment-ils, ils ne sont motivés que “par des considérations de prébendes”. “Quelle que soit l’issue de ces tiraillements, c’est la domination politique, comme moyen de régence de la société, qui sera mise en œuvre par le clan qui va s’imposer”, anticipe, à ce titre, le RPK, qui estime que la lutte se révèle déjà au grand jour comme une lutte pour le pouvoir et rien que pour le pouvoir et que “la dépolitisation de cet affrontement à huis clos constitue la plus grande menace pour le pays”.

Pour illustrer ce dangereux affrontement au sommet de l’État, les responsables du RPK citent la valse des arrestations et libérations d’officiers supérieurs de l’armée qui n’a, d’ailleurs, donné lieu à aucune explication par ceux qui sont chargés et censés de le faire. Cette affaire est, à leurs yeux, “assez révélatrice de la rupture de l’unité de commandement dans les affaires de l’État”. C’est dans ce même sillage que le RPK s’en prend également aux partisans du 5e mandat qui ne font, accuse-t-il, aucun cas de l’ordre constitutionnel ni de la nécessité de maintenir certains équilibres formels pour maintenir un minimum de lien entre l’État et la société. Soupçonnant un nouveau plan diabolique de règlement de comptes sur le dos de la Kabylie, le RPK en cite plusieurs éléments qui ne trompent pas.

“C’est dans ce contexte à hauts risques qu’une stigmatisation à outrance est engagée contre la Kabylie”, estime le RPK, tout en citant la récurrence des attaques contre tamazight, l’alimentation, par la police politique, des guéguerres dans les milieux de la militance kabyle, le dénigrement de tout ce qui symbolise la culture kabyle, y compris la JSK dont le président, Cherif Mellal, n’est pas épargné, et ce, malgré la réussite de son projet. À cela s’ajoute, poursuit le RPK, la répression policière comme celle observée tout récemment à Béjaïa à la suite de l’appel à manifester pour réclamer la libération des détenus politiques, des journalistes et du blogueur Merzoug Touati.

Samir LESLOUS