Le redressement du paquebot naufragé Costa-Concordia, une opération titanesque et inédite, s’est achevé avec succès, mardi 17 septembre à 4 heures du matin, sur l’île du Giglio. « Le bateau (…) a atteint la verticale », a annoncé Franco Gabrielli, chef de la protection civile italienne, alors que plusieurs coups de sirène du Concordia et des hourras ont réveillé le petit port à l’annonce de la nouvelle.
Vers minuit, alors que la phase finale approchait, les trente-six énormes câbles d’acier qui tractaient l’épave ont été mis au repos. La rotation s’est poursuivie en remplissant d’eau de mer les énormes caissons, hauts comme des immeubles de dix étages, placés sur le flanc gauche du navire. L’opération a été gérée à distance par une dizaine de personnes dans une « salle de contrôle » – plateforme flottante reliée par deux câbles au navire. Le Concordia devrait ensuite être remorqué puis démantelé.
Selon le préfet Gabrielli, il n’y avait, au début de l’opération, pas de pollution marine significative. Mais « il est prévu qu’une grande quantité de liquides se déverse dans la mer », a-t-il précisé. « Nous n’attendons pas de chiffres alarmants en termes de concentration toxique, mais plutôt des perturbations temporaires dans l’environnement marin », a expliqué de son côté un responsable de l’agence régionale de l’environnement.
Démesure
Lundi, l’épave avait été, étape délicate, détachée du rocher sur lequel elle gisait depuis son naufrage, il y a vingt mois, en face de l’île toscane. Elle avait alors commencé à se redresser, laissant entrevoir près d’un mètre de sa coque brunie par la rouille.
Des milliers de tonnes d’acier et de ciment, des grues et des caissons flottants faits sur mesure ont été acheminés sur place. Une démesure qui s’explique par les dimensions de ce géant des mers : 290 mètres de long et 35 mètres de large. Ce navire de 114 000 tonnes – plus long que le Titanic et près de deux fois aussi lourd – était haut comme un immeuble de onze étages et grand comme trois terrains de football.
Depuis plus d’un an, 500 ingénieurs et spécialistes préparent sur l’île, les opérations de récupération de son épave. Des plongeurs ont injecté 18 000 tonnes de ciment dans des sacs situés sous la coque pour assurer son maintien et l’empêcher de se briser lors de l’opération. Un responsable de la compagnie maritime Costa Croisières a estimé à 600 millions d’euros le seul coût de la récupération de l’épave.
Le Costa-Concordia avait heurté un récif alors qu’il manœuvrait trop près de Giglio, provoquant une évacuation chaotique de ses plus de 4 000 occupants – passagers et membres d’équipage. Le naufrage du navire avait fait 32 morts, dont deux n’ont jamais été retrouvés. Ces corps pourraient être découverts pendant l’opération.