Le remaniement interviendrait après le lancement du programme 2010-2014 : Vers un gouvernement de technocrates

Le remaniement interviendrait après le lancement du programme 2010-2014 : Vers un gouvernement de technocrates

La réunion du Conseil des ministres sera consacrée aujourd’hui à l’examen et à l’adoption du programme quinquennal 2010-2014, a-t-on appris hier de sources concordantes. Ce plan sera doté d’une enveloppe de 300 milliards de dollars. Par ailleurs, une conférence des cadres, prévue la première semaine de juin, sera le lieu du lancement officiel du programme.

Certaines sources évoquent également un remaniement du gouvernement qui serait opéré prochainement, visant à constituer une équipe de ministres technocrates aptes à traduire sur le terrain le programme de développement du pays initié par le président de la République.



C’est la deuxième réunion du Conseil des ministres qui interviendra durant le mois de mai. Les différents projets inscrits au titre du plan quinquennal, notamment dans les domaines de l’habitat, de l’eau, des travaux publics et des transports, attendent le feu vert du premier magistrat du pays afin d’être lancés.

Dans le secteur des travaux publics, le département de Amar Ghoul avait estimé le budget prévisionnel nécessaire au lancement des différents projets, à l’exemple des pénétrantes de l’autoroute Est-Ouest, à plus de 50 milliards de dollars.

Le secteur des ressources en eau a élaboré un programme de réalisation d’une vingtaine de barrages de capacités importantes. Des investissements colossaux concerneront également les secteurs de la santé, de la jeunesse, de l’enseignement supérieur et de l’agriculture, dans le but de consolider ce qui a été réalisé durant la décennie 1999-2009.

Pour la bonne conduite de ces projets dans les délais fixés, le président de la République procéderait, selon les mêmes sources, à un remaniement gouvernemental, qui ne sera pas cette fois-ci partiel.

Le chef de l’Etat veut s’entourer d’une équipe de hauts responsables à même de concrétiser les objectifs tracés en matière de développement de la nation.

Le président de la République a garanti les moyens politiques, législatifs et financiers pour la réussite de ses programmes et il attend du gouvernement leur matérialisation sur le terrain.

Certains ministres ne seraient pas reconduits, au vu de l’échec et du bilan mitigé de leur action, alors qu’ils ont eu le temps et les moyens nécessaires pour réussir.

Il s’agirait particulièrement du ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, qui n’a pas pu anticiper sur les affaires de corruption ayant touché les grandes entreprises du secteur, à savoir Sonatrach et ses filiales (Tassili Airlines…), Sonelgaz (fonds des œuvres sociales), ainsi que les dépenses faramineuses pour l’organisation de la 16e conférence du GNL à Oran (GNL 16), qui aurait coûté plus de 600 millions de dollars, sans aucun résultat palpable.

Le ministre de l’Industrie et de la Promotion de l’investissement, Abdelhamid Temmar, serait également sur la liste des départs, lui qui n’a pas pu mettre en marche la stratégie industrielle élaborée par des bureaux d’études étrangers à coût de millions de dollars.

Le Premier ministre Ahmed Ouyahia avait déjà critiqué, il y a deux années de cela, en désavouant publiquement M. Temmar pour son immobilisme qui a hypothéqué l’avenir du secteur industriel public au profit des importations massives des équipements et des biens de production.

Le ministre de l’Education, Boubekeur Benbouzid, assurerait cette année son dernier examen du bac. Le plus ancien ministre du gouvernement algérien (depuis 1994) a mal géré les mouvements de grève observés durant l’année par les différents syndicats du secteur, au point où les programmes scolaires n’ont pas été terminés à ce jour.

Le ministre de la Solidarité nationale et de la Communauté algérienne établie à l’étranger, Djamel Ould Abbas, serait également sur le départ dans le cadre de ce remaniement. S’agissant du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Saïd Barkat, il serait maintenu, malgré ses défaillances dans la gestion de la campagne de vaccination contre la grippe A.

Certains rappellent l’absence de Abdelaziz Bouteflika, entre autres, à la cérémonie de célébration du 39e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, le 24 février, et à la cérémonie d’ouverture de la 16e conférence du GNL d’Oran, deux évènements de taille. L’absence du Président est perçue comme un désaveu de la politique menée dans ces secteurs.

La présence du Président à la finale de la Coupe d’Algérie sans aucun membre du gouvernement à ses côtés a été également interprétée comme un signe manifeste du premier magistrat du pays de se démarquer d’un gouvernement qui a eu toute la latitude pour mener à bien sa tâche, sans résultats probants.

Sellal aux Affaires étrangères ?

Les ministres Abdelmalek Sellal et Nourredine Yazid Zerhouni auraient à charge des départements importants. M. Sellal serait nommé chef de la diplomatie algérienne, lui qui a eu déjà à exercer dans ce corps. Le 18 mai dernier, il avait conduit la délégation algérienne aux travaux de la 37e session du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’OCI, qui s’est tenue au Tadjikistan.

Le même cas s’est déjà produit en 2005, lorsque Mohamed Bedjaoui, alors président du Conseil constitutionnel, avait procédé à une activité diplomatique, quelques jours avant d’être nommé ministre des Affaires étrangères.

Quant à Nourredine Yazid Zerhouni, il serait pressenti pour diriger un super ministère de souveraineté nationale.

Selon des recoupements, le chef de l’Etat veut nommer une équipe de ministres technocrates capables de relever le défi.

«Du sang neuf et des personnes ayant la capacité de traduire sur le terrain les promesses présidentielles, qui soient plus dans l’action que dans le discours», relève notre source, ajoutant que l’Alliance présidentielle sera représentée, mais sans être majoritaire.

Quant au poste de Premier ministre, il serait confié à Ahmed Ouyahia, une personnalité qui a démontré ses capacités et sa maîtrise des différents dossiers d’intérêt national ou international.

L’agenda de l’annonce est du pouvoir exclusif et discrétionnaire du Président, mais dans un esprit de logique, le remaniement devrait intervenir après la conférence nationale des cadres (ministres et walis), prévue début juin au Palais des nations.

F. B.