Le RND refuse de rejoindre le «front populaire»: Que cachent les réserves de Ouyahia ?

Le RND refuse de rejoindre le «front populaire»: Que cachent les réserves de Ouyahia ?

La nouvelle «initiative» politique du pouvoir, en l’occurrence la constitution d’un «front populaire solide », en vogue depuis le 20 août dernier, particulièrement chez les partenaires politiques traditionnellement acquis à Abdelaziz Bouteflika, n’emballe pas, mais alors pas du tout, un parti comme le Rassemblement national démocratique de Ahmed Ouyahia ! Une position d’autant plus curieuse que l’appel émanait de Bouteflika en personne.

Kamel Amarni – Alger (Le Soir) – Dans son message à l’occasion de la double célébration de la date historique du 20 Août, Abdelaziz Bouteflika «invitait » la classe politique et la société civile à «constituer un front populaire solide». Sitôt lancé, cet appel recevra des échos en chaîne : le Front de libération nationale, bien sûr, mais pas seulement, font leur cette initiative qui, depuis, accapare l’essentiel de leurs activités. Le parti présidentiel entamera, ainsi, une série de rencontres multilatérales et bilatérales avec des partis et des organisations nationales autour de ce thème. Une trentaine de partis ont d’ailleurs annoncé leur adhésion en plus des organisations estudiantines, mais surtout, de la centrale syndicale de Abdelmadjid Sidi Saïd, de l’organisation féminine, l’UNFA et le forum des chefs d’entreprises, le FCE de Ali Haddad. Parce que s’agissant d’une initiative présidentielle, le parti majoritaire, le FLN tenait à préciser, à chaque fois, qu’il ne comptait «ni se l’approprier ni la monopoliser».

En fait, et au-delà des explications officielles, ce «front populaire solide» n’est rien d’autre qu’un gros comité de soutien au candidat Abdelaziz Bouteflika en prévision des présidentielles d’avril prochain. Il est d’ailleurs composé de tous ceux qui, parmi la classe politique ou la société civile, ont déjà clairement prononcé leur soutien au candidat en question. Tous, sauf le RND qui vient de formaliser cette position. Dans un récent entretien accordé au site électronique TSA, le porte-parole du Rassemblement, Seddik Chihab, dira, sans détour : «Nous n’envisageons pas d’adhérer organiquement au front populaire». Une position que d’aucuns expliqueront par les rivalités traditionnelles entre le parti de l’actuel Premier ministre, Ahmed Ouyahia et l’ex-parti unique. «Peu convaincant comme explication», rétorque une source assez bien informée. «C’est un faux-fuyant car l’initiative en question n’émane pas du FLN. C’est le président en personne qui a appelé à constituer ce front. Il a sans doute ses propres raisons de le faire, à quelques mois seulement des présidentielles».

Comment, alors, un parti comme le RND, dirigé par le Premier ministre en personne, qui s’est déjà prononcé pour son soutien au candidat Bouteflika depuis juin dernier, ce même premier ministre qui va par ailleurs organiser l’élection présidentielle, marque-t-il ses distances vis-à-vis d’un projet politique phare de Bouteflika ? Un peu comme le MPA de Amara Benyounès qui, cette fois, s’est bien gardé de se prononcer pour ou contre d’ailleurs, un cinquième mandat pour Bouteflika, le RND de Ahmed Ouyahia cherche à l’évidence, à se distinguer. Certes. Mais dans quel objectif ? Du côté du cercle présidentiel, on ne se fait aucune illusion : «Ouyahia donne l’impression, à travers cette position, de se préserver une certaine marge de manœuvres, au cas ou…». A savoir, une possibilité de se présenter aux présidentielles en cas de force majeure. «Je ne me présenterai jamais contre le Président Bouteflika», avait toujours répondu Ouyahia à la question récurrente de savoir s’il avait l’intention de briguer, un jour, la magistrature suprême. «Certes, il ne se présentera jamais, effectivement, contre le président. Mais ce genre de position ne peut que susciter méfiance et agacement dans l’entourage du président», renchérit notre source.

K. A.