À chaque édition du Salon International du Livre d’Alger (SILA), des maisons d’édition se voient être confrontées à la censure. Cette année, c’est la prestigieuse maison d’édition française « Éditions Gallimard » qui est bannie. Une décision qui pourrait être liée à la présence sur les stands du salon du dernier roman de Kamel Daoud, « Houris« , publié en août dernier par ladite compagnie d’édition.
L’écrivain algérien Kamel Daoud est connu pour ses œuvres poignantes. Qui se distinguent par des réflexions profondes sur l’identité, la foi et les dynamiques socio-culturelles. Invitant à la réflexion, les œuvres de Daoud peuvent parfois être perçues comme provocatrices.
Alors que les Éditions Gallimard s’apprêtaient, comme à l’accoutumée, à participer à la 27ᵉ édition du SILA. Les organisateurs de l’événement ont notifié la maison d’édition. Lui indiquant qu’elle ne sera pas présente, et ce, sans la moindre explication.
Éditions Gallimard exclut du salon du livre d’Alger : Houris de Kamel Daoud au cœur des débats
Dans son récent roman « Houris« , le romancier Kamel Daoud plonge les lecteurs dans les horreurs de la décennie noire. L’intrigue suit une survivante d’un massacre, enceinte et hantée par son passé. L’ouvrage explore alors la mémoire des traumatismes liés à l’insurrection islamiste des années 1990. Une thématique critique vis-à-vis des politiques de réconciliation et du contrôle social. Qui aurait provoqué la censure des Éditions Gallimard au SILA 2024.
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En effet, selon les conjectures, les thématiques abordées dans le roman « Houris » de Kamel Daoud pourraient défier les voix jugées plus conservatrices.
De plus, le fait que cet ouvrage soit présent au SILA 2024 pourrait être perçu comme une provocation. L’interdiction de la présence des Éditions Gallimard, semble alors être une manière de limiter la diffusion d’idées considérées controversées.
Gallimard banni du SILA 2024 : d’autres facteurs en jeu ?
L’exclusion de Gallimard de la Foire du livre d’Alger a suscité plusieurs interrogations au sein de la communauté littéraire algérienne et française. Et la nouvelle continue d’alimenter le débat.
À ce titre, Kristenn Einarsson, présidente du Comité pour la liberté de publication de l’IPA, a déclaré : « Il est extrêmement préoccupant de lire que les éditions Gallimard se sont vu retirer unilatéralement leur autorisation de participer au Salon du livre d’Alger. Cela envoie un message inquiétant sur la situation de la liberté de publication en Algérie ».
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Par ailleurs, selon des sources proches du SILA, il paraîtrait que les raisons derrière l’interdiction des éditions Gallimard soient plus complexes qu’une simple affaire littéraire.
En effet, le ministère de la Culture aurait donné une consigne verbale claire pour cet événement : « éviter tout ce qui est français« . La couverture médiatique de la décennie noire par la presse française pourrait alors être à l’origine de cette exclusion.