Le roman “djanoub el milh” de mouloud yabrir, Des événements, un objectif et une vie

Le roman “djanoub el milh” de mouloud yabrir, Des événements, un objectif et une vie

Edité par les éditions Barzakh, ce premier roman de Miloud Yabrir revient sur les grandes dates ayant marquées notre époque, notamment la décennie noire.

Est-ce qu’un non-voyant pourrait devenir photographe ? Où est-ce que meurent les oiseaux, dans le ciel ou sur la terre ? Pourquoi on choisi les terres les plus fertiles pour les convertir en cimetières ? Et d’autres questions que se pose Mesbah, le narrateur-personnage au cours des 208 pages du roman Djanoub el milh (Le sud du sel). Écrit par Miloud Yabrir, médecin de profession, le livre a obtenu cette année le prix Sharjah de la créativité aux Émirats arabes unis. Il a été édité en 2015 par la maison d’édition Barzakh (Algérie) et El-Djadid (Liban).

Ce roman raconte l’enfance de Mesbah, en passant par son adolescence, et arrivant à sa maturité marquée par son amour pour la photographie. De Djelfa, à Alger, en passant par Blida, l’auteur cite quelques noms de rues, et de personnages, qu’il évoque vaguement. Quant aux descriptions, elles sont quasiment rares, et les plus pittoresques portent sur la vie du photojournaliste Kevin Carter. Ce dernier, que Mesbah avait connu à travers les livres, était célèbre pour La fillette et le vautour , photo pour laquelle il avait obtenu le Prix Pulitzer en 1994. Les récits sont multiples et emmêlés, racontant, tantôt l’ère de l’après-indépendance de l’Algérie, de  la guerre civile du Liban, des événements d’octobre 88 d’Algérie et de la décennie noire. Ces descriptions aux chronologies non respectées reflètent le raisonnement non structuré du personnage principal, qui, par les difficultés chroniques de vie, pense à se donner la mort. À travers les pages, le lecteur se perd dans le raisonnement de Mesbah, parfois il se retrouve plongé dans sa “tête”, tantôt Mesbah est au cœur de l’action, tantôt il donne l’impression n’être qu’un observateur. Celui, du monde qui l’entoure. Ce récit fait perdre le fil conducteur au lecteur, un fait désorientant : des histoires sur les influences de son oncle, la cité universitaire, place Audin…

Entre la vie et la mort, le noir et la lumière, l’auteur passe d’un sujet à un autre sans faire de liens, ni même s’attarder sur ces personnages. Ils étaient, peut-être, comme des ombres, à la visibilité réduite, comme l’acuité du narrateur qui baissait progressivement. Miloud Ibrir s’est également attardé sur ses deux amis intellectuels, avec qui il partageait sa chambre dans une cité universitaire à El-Harrach. L’un d’eux est étudiant en médecine, alors que l’autre est un mathématicien. Un domaine qu’il décrit d’ailleurs, avec détails et aisance, faisant ainsi un petit clin d’œil à la profession de l’auteur, qui est, rappelons-le, médecin. Le romancier parle entre autres d’amour et de femmes. Bien qu’il soit issu d’une famille très conservatrice, Mesbah a fréquenté Djahida, aux multiples cicatrices, qui lui a servi de modèle photo à Djelfa. Et enfin, alors qu’il s’est installé dans une vieille cave d’immeuble près de la cathédrale du Sacré-Cœur d’Alger, il a connu Meriem, avec qui, il s’est marié et eut Hikma. Janoub el milh, ce premier roman de Mouloud Yabrir, dresse un portrait sur les personnalités ayant marqué le monde durant le XXe et XIe siècles, à travers le regard d’un jeune Algérien.

I.A.