Le secteur de la pêche en Algérie : un fort potentiel à exploiter

Le secteur de la pêche en Algérie : un fort potentiel à exploiter

La dernière mise à jour de l’ONS dévoile que la valeur ajoutée du secteur de la pêche et de l’aquaculture en volume en Algérie a augmenté de 5,3% au troisième trimestre 2024, comparé à une hausse de 2,5% au troisième trimestre 2023. Le secteur de la pêche est porteur et génère plus de 130 000 emplois directs et indirects au niveau de 46 ports de pêche répartis sur les 2148 km de côte algérienne.

Carte 1. L’Algérie dispose d’une quarantaine de ports de pêche répartis sur toute la côte. Source : Office Nationale des Statistiques (ONS).

Ce secteur revêt un caractère stratégique, grâce à ses capacités à contribuer à l’émergence d’une économie productive nationale et à la création et la préservation de l’emploi, mais également par son aptitude à participer à l’amélioration de la sécurité alimentaire du pays. Dans cette optique, la Stratégie Nationale pour l’Économie Bleue à l’horizon 2030 (SNEB 2030) a été mise en place.

La chaîne de valeur de la pêche est génératrice d’emplois

La chaîne de valeur de la filière pêche s’articule autour des trois principaux segments de l’amont, de l’aval et de la production de la filière. Ces segments regroupent un ensemble d’activités dont certaines peuvent être considérées comme des sous-filières.

Le premier segment, en amont de l’activité de la pêche en elle-même, comprend les chantiers navals, les ateliers de montage de filets, dits métiers « connexes ». La construction navale, par exemple, peut être considérée comme une sous-filière de la pêche. Allant de la conception des bateaux menée par des ingénieurs et architectes à la construction et la mise à l’eau. Cette sous-filière requiert une pluralité d’acteurs.

Le second segment comprend l’activité de production elle-même qui s’exerce à bord des navires de pêche. Deux types de pêche sont recensés en Algérie : la pêche côtière et la pêche au large qui se pratiquent dans des zones dédiées et fixées par la loi en vigueur. Avec environ 60% de petits métiers[1] enregistrés en 2020, la flottille nationale de pêche est principalement de nature artisanale.

Graphique 1. Plus de la moitié de la flottille algérienne sont des petits métiers. Source : Office Nationale des Statistiques), 2020.

En ce qui concerne les activités aval de la production, nous retrouvons les activités liées à la vente du poisson, la réparation navale, le ramendage et l’exportation de la production dits métiers « liés à la commercialisation de la pêche ». Le circuit de commercialisation va de la première vente en gros de la production à la vente au détail chez les poissonniers, voire à la vente directe auprès des consommateurs. La première vente se réalise au niveau des halles à marées qui sont le lieu de première mise en marché du poisson lorsqu’il est débarqué au port de pêche.

Les défis de la pêche en Algérie et le Programme Economie Bleue

Cependant, certains défis structurels persistent, notamment la gestion durable des ressources halieutiques, la protection des écosystèmes marins, l’inclusion sociale et la coordination avec d’autres actions sectorielles. Face à ces nombreux défis, le gouvernement algérien est fortement impliqué dans la promotion du secteur. En effet, fin 2021 a été lancé le projet « Économie bleue – Pêche et aquaculture » qui a pour objectif de contribuer au développement économique de l’Algérie en développant durablement l’économie bleue, notamment dans le secteur de la pêche et de l’aquaculture. Ce programme s’inscrit en cohérence avec les actions du gouvernement algérien mises en œuvre au titre de la Stratégie nationale pour l’économie bleue (SNEB Horizon 2030). Financé par l’Union européenne, le programme est déployé au niveau des 14 wilayas côtières du pays. Il a pour ambition de répondre aux trois défis majeurs, sociétaux, économiques et environnementaux, d’une économie bleue durable. Dans ce but, trois objectifs ont été fixés : la création d’emplois et de valeur ajoutée au sein des communautés côtières, l’amélioration des revenus et des conditions de travail des pêcheurs artisans et le renforcement des capacités de suivi et de gestion des activités de pêche sur l’ensemble du territoire, conformément aux standards régionaux.

Concernant le secteur de la pêche, le programme a entrepris depuis son lancement de nombreuses activités en faveur du renforcement de la chaîne de valeur et de l’organisation de la filière. En amont de la production, le programme soutien la création d’un cluster de la construction navale en Algérie. Cette activité émergente est à un tournant décisif et bénéficie d’une série d’initiatives gouvernementales visant à moderniser les capacités du pays en matière de construction et d’ingénierie navale. Au niveau de la production, les organisation professionnelles (chambres, associations et coopératives) vont être renforcées dans leurs rôle de gestion et de commercialisation des ressources halieutiques. Les plages d’échouages vont également être aménagées, tant sur le plan des équipements que des mécanismes de gestion. En aval de la production, la réhabilitation de certaines halles à marées sera effectuée (équipement mobiliers, rénovation immobilière, formations hygiène et sécurité, gouvernance, traçabilité, etc.) et une unité pilote de transformation des produits de la pêche et de l’aquaculture sera mise en place.

Source : Programme Economie Bleue, Février 2025

[1] Caractérisé par des navires le plus souvent inférieurs à 12m et pratiquant une pêche côtière, polyvalente (engins multiples : filets, nasses, lignes, etc.) et saisonnière.