Pour le dernier jour de la seconde édition des Journées philosophiques d’Alger abritées cette année par l’Institut Français d’Alger alors que la 1ère édition avait trouvé refuge au Palais de la Culture Moufdi Zakaria qui, semble-t-il, cette année n’a pas voulu trop « philosopher », cette discipline ne faisant peut-être pas encore partie de notre « culture », il y’avait débat autour de cette notion du « beau » qui peine à trouver son chemin chez nous.
Dans son intervention intitulée « Le beau et la question du vivre ensemble », l’universitaire Benmeziane Benchakri a longuement évoqué les concepts quelque peu complexes développés par Kant, Hegel, Heidegger, Cassirer… sur cette notion du beau qui est perçue différemment selon les écoles philosophiques, qu’il a revisitée à travers nombre de leurs écrits et citations.
Selon lui, « Le renversement de la métaphysique kantienne du 20ème siècle a quelque peu bouleversé la tendance en donnant une valeur symbolique aux expressions artistiques : arts, symboles, rites … » et ce fut « une ouverture de la raison, après les bornes du rationalisme, sur l’humain et le passage d’une société fermée sur soi à une société ouverte sur l’autre. » Son résumé a quelque peu déstabilisé les présents qui l’ont jugé trop complexe et pas forcement lié au vivre ensemble.
Selon Kant « Est beau ce qui plait universellement et sans concept » et selon André Compte-Sponville, dans son mot d’excuse par rapport à sa non participation à l’événement auquel il était invité : « le beau se reconnait au plaisir qu’il suscite (être beau c’est plaire), mais se distingue de la plupart des autres plaisirs par le fait qu’il ne suppose ni convoitise, ni possession : il est l’objet d’une jouissance contemplative et désintéressée ».
L’autre thématique abordée en conclusion des journées a été : « Le sens esthétique est-il culturel ? » Une question à laquelle il a été difficile de répondre ; pour ne pas dire que c’est une question qui semble ne pas avoir de réponse fixe tant les avis sont mitigées.
La perception du beau est-ce un don inné chez chacun de nous qui se développe ou se perd selon ce qu’on en fait ? Est-ce une prédisposition à une sensibilité qui doit être développée à l’école, en société, en communauté, et à défaut elle disparait ? Nous sommes tous sensibles à la beauté de la nature : de la mer, du ciel bleu, des fleurs… mais sommes-nous tous réellement conscients de cette beauté qui nous entoure dans nos actes ? Protégeons-nous cette beauté de la nature ? Faisons-nous attention à l’esthétique de nos architectures ? Vivons-nous dans un environnement propre et sain ? Recherchons-nous vraiment à embellir notre quotidien ou nous contentons-nous juste de nous servir de ce qui nous est utile sans nous préoccuper de joindre à cet utile de l’agréable ?
Comme le conclut si bien Razika Adnani, « La philosophie doit sortir de l’enceinte close des universités pour aller vers la population ; c’est une discipline qui s’adresse à l’Homme Universel » et l’Algérie fait partie de cet Univers, tout comme l’Algérien fait partie de cet Universel, donc elle s’adresse aussi à lui, le questionne, l’interpelle et doit faire partie intégrante de sa vie au quotidien ! C’est le but de ces journées philosophiques d’Alger qui vous donnent rendez-vous l’année prochaine…! » .
A rappeler que cette 2ème édition des journées internationales de philosophie d’Alger, a été abritée par l’institut français d’Alger, les 11 et 12 mars derniers.