Le service de chirurgie générale (B) peine à reprendre son activité: Suspicions au CHU Mustapha-Pacha

Le service de chirurgie générale (B) peine à reprendre son activité: Suspicions au CHU Mustapha-Pacha

Plus d’une semaine après l’incendie qui s’est déclaré au service de chirurgie générale (B) du Centre hospitalo-universitaire (CHU) Mustapha-Pacha d’Alger, le fonctionnement reste au ralenti.

Une source hospitalière fiable affirme, en effet, que les deux blocs opératoires du même service sont toujours fermés. «Les deux blocs ont été inondés le jour de l’incendie, causant des dégâts au niveau des murs et du plafond», précise notre source. Ce qui fait, ajoute-t-elle, que «les salles en question ne répondent plus aux conditions qu’exige un bloc». Cette situation s’est automatiquement répercutée sur l’activité et la prise en charge des patients, contrairement à ce que tente de vendre à l’opinion la direction. Deux malades du service ont déjà été opérés «aux urgences du CHU», indique notre source qui tient à garder l’anonymat. Selon elle, «six patients sont actuellement hospitalisés en chirurgie générale, dont un est en attente d’être opéré depuis des jours».Constat fait, effectivement, lors d’une virée hier au service. Il faut admettre que notre présence n’a pas du tout été appréciée au début, puisqu’on ira jusqu’à crier : «Que fait un journaliste ici ?». Seul le chef de service, le professeur K. Chaou, s’est montré coopérant dans la limite de nos interrogations. Pourtant, le même responsable et la direction semblent s’être mis d’accord pour que rien ne puisse infiltrer sur le sujet. «Nous fonctionnons, il est vrai, difficilement. Mais l’incendie n’a rien changé au fonctionnement», estime Pr Chaou, nous invitant même à effectuer une visite. Hélas, cette visite se terminera juste à l’entrée des deux blocs opératoires situés au rez-de-chaussée et où se trouvaient des femmes «qui faisaient le ménage», comme affirmé par notre source.

Interrogations…

Que tentent de cacher, donc, la direction et les responsables du service de chirurgie générale (B) du plus grand hôpital d’Algérie ? Les réponses au compte-gouttes des concernés laissent libre voie au doute et alimentent davantage la suspicion. La thèse selon laquelle l’incendie du 12 septembre, soit le jour de l’Aïd El Kebir, serait un acte criminel et de sabotage devient possible. D’ailleurs, la chambre dans laquelle s’était déclaré le feu (1er étage) était réservée au stockage d’un nouveau matériel que l’hôpital venait tout juste d’acheter. Selon nos sources, ce matériel médical qui se trouvait à l’intérieur est «estimé à plus de 30 millions DA (3 milliards de centimes)». Une perte très importante pour le service qui espérait souffler avec l’ouverture de deux nouveaux blocs opératoires au premier étage. «Ce projet qui consiste à développer les capacités de prise en charge des malades, en plus d’une meilleure formation pour les médecins spécialistes, remonte à 2008», déclare notre source, s’indignant que «comme par hasard, l’incendie s’est déclaré dans cette chambre». Le retard de concrétisation de ce rêve a, semble-t-il, épuisé toutes ses raisons, jusqu’à cet incendie qui ravagea le matériel qui se trouve être la clé principale.

Jusqu’à présent, l’enquête ouverte par les services de la sûreté nationale pour déterminer l’origine de l’incendie, n’a pas donné de conclusions. Ceci, au moment où la direction tend à minimiser de l’ampleur de ce dernier, alors que des témoins, interrogés hier, affirment que l’incendie a failli encercler un médecin qui était de garde la veille de l’Aïd. «Il n’y a ni alarme en cas de danger ou d’incendie, ni autre mesure de sécurité d’ailleurs», regrette-t-on encore. D’où le cri d’alerte qu’avait lancé dernièrement le Collectif des médecins résidents du CHU Mustapha-Pacha sur «l’insécurité qui règne à l’intérieur».