La fête d’El Mawlid En-Nabaoui a été dévoyée de sa vocation spirituelle, elle n’est plus synonyme de ferveur et d’évocation de la sira de notre Prophète Mohamed (QSSSL), mais plutôt une occasion pour un commerce dangereux que les responsables du port d’Oran s’efforcent à estomper. En effet, les pétards ont envahi les marchés et les rues, en dépit des mesures de saisies enregistrées par les services de douane.
Le danger guette notamment les enfants qui sont les plus attirés par ces produits pyrotechniques. A quelques jours de la fête de «Sidna», les étals sont déjà mis en place par les vendeurs informels, profitant de la quinzaine de vacances qui commencera jeudi prochain, pour attirer le maximum d’enfants acheteurs et évidemment de sous.
Le bruit assourdissant des pétards rappelle comme chaque année que la vente des produits pyrotechniques est toujours florissante, malgré son interdiction. Les quartiers populaires, les grandes artères commerciales à l’image de la Bastille et M’dina J’dida, témoignent que l’interdiction n’a pas été en fin de compte respectée réellement, sinon, comment expliquer que cette marchandise reste toujours aussi disponible ?
Au niveau de la direction du Commerce, on est catégorique: «La loi est appliquée dans toute sa rigueur. Surtout au port où l’entrée des produits pyrotechniques est prohibée». Mais cela reste au stade de la déclaration, car les marchés populaires en regorgent, certains affirment que c’est un vieux stock qui a été mis en vente, mais la plupart assurent que c’est un nouvel arrivage. Ces pétards dont les fabricants chinois les rendent chaque année plus forts en matière de bruit et plus attirants sur le volet d’emballage, pour inciter les jeunes à l’achat de ces produits.
Le plus navrant est que certains parents achètent eux-mêmes ces produits dangereux à leurs enfants, d’autres le font indirectement en mettant de l’argent entre les mains des enfants, ces derniers se dirigent directement vers ces vendeurs illicites qui décorent la rue. «Ce n’est pas avec des pétards qu’on doit marquer cet événement religieux, mais plutôt par les leçons que nous devons tirer de la vie, les hadiths de notre Prophète Mohamed (QSSL) et les nobles traditions que nous ont laissés nos ancêtres», dira un imam. Chaque année, la Protection civile est sur le qui-vive à la veille du Mawlid En-Nabaoui.
Des dizaines de personnes sont victimes de brûlures et de blessures plus ou moins graves, le service des urgences relevant du centre hospitalo-universitaire (CHUO) commence déjà à recevoir les blessés de ces jeux achetés à petit prix mais qui peuvent avoir de lourdes conséquences. Malheureusement, ces pétards sont devenus le symbole de «Sidna» alors que jadis, c’étaient les chants religieux, les repas spécialement préparés à cette occasion, des bougies et du henné, des traditions qui se sont évaporées avec le temps.
Jalil Mehnane