Le service presse de l’ONU accusé de « manipulation  » après avoir dénaturé les propos d’intervenants

Le service presse de l’ONU accusé de « manipulation  » après avoir dénaturé les propos d’intervenants

NEW YORK – Le service presse des Nations Unies se trouve au cœur d’une « grave affaire de manipulation » après avoir dénaturé les propos d’intervenants aux travaux de la quatrième commission de la décolonisation, selon plusieurs participants à cette réunion annuelle de l’ONU.

Le service presse de l’ONU a en effet déformé des propos d’intervenants, venus témoigner leur soutien à la cause sahraouie, allant jusqu’à attribuer des propos pro marocains à des pétitionnaires qui n’ont pas encore pris la parole.

Mercredi, l’ONU s’est illustrée par  » un grave dérapage  » qui risque d’entacher sa crédibilité d’institution multilatérale en publiant des propos attribués à la présidente de l’ONG américaine Suzanne Scholte, une militante acharnée de la cause sahraouie, selon lesquels elle considérait que  » le projet d’autonomie du Maroc est le meilleur moyen d’assurer le bonheur du plus grand nombre de sahraouis « .

Plus grave encore le même service a publié jeudi soir une déclaration pro marocaine du représentant du Front Polisario auprès de l’ONU, Ahmed Boukhari, alors qu’il n’avait pas encore pris la parole à la quatrième commission.

La déclaration attribuée faussement à M. Boukhari est  » un véritable volte face  » dans laquelle le représentant sahraoui aurait,sois disant, accusé le Front Polisario de corruption et renoncé à sa cause en acceptant le plan d’autonomie du Maroc.

Le président de la quatrième commission, le vénézuélien Rafael Dario Ramirez Carreno, qui a été saisi vendredi de cette affaire, s’est démarqué en pleins travaux de la séance du matin de cette manipulation.

Rafael Dario Ramirez a dénoncé « la gravité de cette falsification » et appelé le service presse de l’ONU à assumer ses responsabilités, jugeant « grave » d’attribuer des propos à une personne qui n’a pas encore pris la parole, en évoquant le cas de M. Boukhari.

Le compte rendu initial retiré

Le service de l’actualité et des contenus de l’ONU a dû ensuite retirer son compte rendu initial.

Contacté par l’APS, M. Boukhari a déclaré, depuis New York, que le Front Polisario allait  » demander une enquête sur ce grave dérapage « , en affirmant « qu’il allait poursuivre en justice ceux qui sont à l’origine de cette falsification « .

Indigné, le diplomate sahraoui a affirmé que « toute la couverture des travaux de la quatrième commission était contaminée par la position marocaine « .

Les comptes rendus quotidiens publiés par l’ONU étaient déséquilibrés, rédigés de sorte à avantager la thèse du Maroc sur le Sahara Occidental.

Les auteurs se sont permis d’émettre des commentaires, d’avancer des analyses, alors qu’ils devaient se limiter à rapporter des déclarations, ont soutenu plusieurs participants.

 » C’est toute l’approche de cette couverture qui a été soulevée  » à la quatrième commission, a précisé M. Boukhari avant d’ajouter qu’il s’agit d’ « un dérapage planifié par ce service de l’ONU, envahi d’agents marocains qui sont allés à l’extrême falsification en m’attribuant des propos pro marocains, alors que je n’ai pas encore pris la parole ».

Jeudi soir, bien avant que la commission de décolonisation ne soit saisie de cette affaire de falsification, la présidente de Defense Forum Foundation a démenti dans une déclaration à l’APS les propos qui lui ont été attribués par le service presse de l’ONU.

 » Je n’ai pas évoqué le plan d’autonomie du Maroc, j’ai appelé au retrait du Maroc du Sahara Occidental occupé « , a indiqué Suzanne Scholte.

La Lauréate du prix de la paix de Séoul a fait savoir qu’elle a été l’objet d’une manigance marocaine visant à l’empêcher de prendre part aux travaux de la commission.

La présidente de l’ONG américaine a été interpellée par les services de sécurité de l’ONU après une plainte de la délégation marocaine l’accusant d’avoir brandi un drapeau du Sahara Occidental dans la salle où se déroulaient les travaux de la commission.

Suzanne Scholte a été violemment bousculée par un membre de la délégation marocaine, alors qu’elle se faisait prendre en photo avec des délégués sahraouis au fond de la salle des réunions avec un autocollant de son ONG à la main, orné du drapeau du Sahara Occidental et du slogan  » Free Western Sahara « , a-t-elle précisé.