S’il n’y avait, à vrai dire, aucune brouille ni aucun malentendu à dissiper entre la direction du FLN et les représentants de la Rasd, nécessité faisait loi pourtant de délivrer un message public qui met définitivement fin à toutes les spéculations.
La sortie intempestive de Amar Saâdani, en novembre 2015, dans une télévision connue pour être un porte-voix autorisé, contre le soutien à la lutte du peuple sahraoui pour son droit à l’autodétermination avait engendré un profond malaise dans les allées du pouvoir. On se souvient qu’un silence pesant s’en était suivi pendant 48 heures, avant que le défunt président de la Rasd, Mohamed Abdelaziz, ne soit reçu par le chef de l’Etat, en présence du vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’ANP.
La réponse était on ne peut plus limpide et Saâdani n’a plus jamais remué le couteau dans la plaie jusqu’au jour de sa démission, voici quelques semaines à peine. Mais l’alerte aura été vive. Car, un peu à l’instar du discours néorédempteur contre la «chkara» qui est, en soi, une reconnaissance explicite de la place et du rôle de celle-ci dans les investitures, cette attaque que rien ne justifiait à l’époque contre une cause pour laquelle l’Algérie s’est énormément dépensée pouvait donner l’illusion d’un malaise dans les rangs des militants du FLN.
Prouver qu’il n’en est absolument rien, c’est le sens de la démarche du nouveau secrétaire général, Djamel Ould-Abbès, qui a reçu, lundi dernier, l’ambassadeur de la Rasd en Algérie, au siège du parti, en présence de certains membres du bureau politique et du conseiller chargé des relations internationales. S’il n’y avait, à vrai dire, aucune brouille ni aucun malentendu à dissiper entre la direction du FLN et les représentants de la Rasd, nécessité faisait loi de délivrer un message public qui met définitivement fin à toutes les spéculations, antérieures ou futures, sur d’éventuelles incertitudes au sein du parti par rapport à un dossier éminemment sensible.
En d’autres termes, la preuve est établie selon laquelle la sortie de Amar Saâdani était à contresens de la ligne diplomatique du pays et qu’il s’agissait bel et bien d’une option strictement personnelle, l’ancien secrétaire général ayant saisi l’opportunité d’une déclaration sous la casquette politique pour manifester une conviction en son âme et conscience. Etait-il conscient de mettre les pieds dans le plat en appelant ainsi à la relance des relations algéro-marocaines et donc à sacrifier sur cet autel la cause sahraouie? Ce serait lui faire injure que de croire une telle chose, l’homme ayant prouvé que, s’il n’a pas froid aux yeux, il sait aussi marcher sur le sable chaud.
Depuis 1973, l’Algérie n’a jamais varié d’un iota dans le soutien inconditionnel à la lutte du peuple sahraoui et ses efforts aussi bien au niveau des Nations unies que de l’Union africaine ont fini par faire avancer le dossier en vertu des dispositions universelles relatives au droit inaliénable des peuples colonisés à leur autodétermination.
Fallait-il un branle-bas de combat au sein de la revue El Djeich pour clore le chapitre de la sédition «saâdanienne» qui était allée jusqu’à agiter la menace d’une véritable fitna en cas de «révélations»? Voire. Beaucoup d’eau a déjà coulé sous les ponts, depuis, et à Hydra, on ne parle désormais que de la «position immuable» de l’Algérie et du «soutien indéfectible» du FLN à la cause sahraouie, sans aucune forme d’arrière-pensée.
Droit dans ses bottes, le vieux parti a chancelé un bref moment sur la corde raide des opinions personnelles, mais voilà que tout est bien qui finit bien, dans le meilleur des mondes.