C’est sous le slogan «Le livre, un continent » que sera inaugurée officiellement aujourd’hui la 24e édition du Salon international du livre d’Alger (Sila 2019) avec, cette année, le Sénégal comme invité d’honneur de ce qui est considéré comme le plus grand rendez-vous culturel en Algérie et une véritable attraction populaire.
Il est à noter que le Sila de 2019 connaît un changement de responsable à la tête du bateau livre. En effet, Mohamed Iguerb a été nommé à la tête de l’un des plus importants événements culturels en Algérie, au mois de juin passé, en remplacement de Hamidou Messaoudi, commissaire du Sila durant de longues années. Mohamed Iguerb, cadre de l’Enag, est connu pour être la cheville ouvrière de cette manifestation, dont il a géré la logistique ces dernières années.
Les organisateurs donnent ainsi rendez-vous au grand public dès ce jeudi 31 octobre et ce jusqu’au 9 novembre prochain au Palais des expositions des Pins-Maritimes.
Au compteur, 1 030 maisons d’édition participantes, dont 298 algériennes, 323 arabes et 409 du reste du monde, qui proposeront plus de 183 000 livres toutes spécialités confondues.
La patrie de Léopold Senghor à l’honneur
A propos du choix du Sénégal, la patrie du grand homme de lettre africain Leopold Senghor, le commissaire du salon, Mohamed Iguerb avait récemment déclaré, lors de la présentation des grandes lignes de la manifestation, que «le choix du Sénégal comme invité d’honneur vise à rendre hommage aux intellectuels, hommes de lettres et philosophes de ce pays africain».
Ajoutant que la participation du Sénégal comme invité d’honneur coïncidait avec le 50e anniversaire du Festival culturel panafricain (Panaf), qui sera célébré, cette année, en présence d’hommes de lettres et d’historiens algériens et africains qui débattront de plusieurs thèmes relatifs aux relations panafricaines, à la littérature et à la pensée en Afrique. C’est dans cet esprit que l’ouverture publique du Sila sera marquée, demain, par une conférence, à 11h à la Salle Sila (Pavillon Central), animée par le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement et ministre de la Culture par Intérim, Hacène Rabehi et le ministre sénégalais de la Communication et de la Culture Abdoulay Diop.
Lançant le programme d’animation littéraire dans l’après-midi de cette première journée dès 14h, une estrade sera dédiée à une escale littéraire à Dakar animée par de grandes plumes de la littérature sénégalaise, à l’instar de Abdoulaye Racine Senghor, Rahmatou Seck-Samb, Khallil Diallo et Hamidou Sall, modérée par l’universitaire, Aïcha Kassoul. Cette rencontre abordera notamment les thématiques et les tendances actuelles de la littérature sénégalaise.
Dans le même esprit, une autre rencontre sera organisée à la fin du Sila 2019 entre les éditeurs sénégalais et algériens.
Cette première journée publique du Sila 2019 mettra également le Sénégal à l’honneur au niveau du stand France, lors de la rencontre débats avec David Diop, écrivain franco-sénégalais, lauréat de la première édition du Choix Goncourt 2018 de l’Algérie et Prix Goncourt des Lycéens en 2018.
Par ailleurs et comme de coutume, un riche programme d’animations culturelles sera proposé aux visiteurs par le commissariat du Sila, ainsi que des rencontres thématiques organisées par les maisons d’édition participantes, ainsi que les différentes représentations diplomatiques des pays en Algérie, à l’instar des Etats-Unis d’Amérique, de la Délégation de l’Union européenne et de l’ambassade d’Espagne en Algérie.
La commémoration du 1er Novembre sera, quant à elle, consacrée à l’Histoire, avec notamment une rencontre dédiée aux soldats algériens mobilisés durant la Première Guerre mondiale marquée par la participation du politologue et spécialiste de l’histoire de la colonisation, Olivier Le Cours Grandmaison.
L’édition du Sila de cette année sera marquée par l’organisation de deux estrades à deux grandes plumes engagées au niveau international, en l’occurrence, le Palestinien Ibrahim Nasrallah, lauréat du prix « BookPrize » et l’Algéro-Américaine Elaine Mokhtefi, militante de la cause algérienne dans les années 1950-1960 et proche des Blacks Panthers. L’espace «Esprit Panaf» axera quant à lui son programme à la commémoration du cinquantenaire du Festival culturel panafricain d’Alger de 1969, une occasion d’évoquer le Festival mondial des arts nègres de Dakar (1966).
Pour sa part, le comédien Sid-Ahmed Agoumi est programmé au Sila où il donnera la lecture de textes de Kateb Yacine, seule évocation prévue pour marquer la commémoration du trentenaire de la disparition de cette grande figure de la littérature et du théâtre algérien.
Les éditeurs affichent leurs nouveautés malgré un contexte difficile
Ce rendez-vous culturel majeur, affichant chaque année un nombre important de visiteurs, est également une occasion pour les lecteurs de découvrir les nouvelles publications des maisons d’édition bien ancrées dans le paysage littéraire national à l’instar de Casbah, Chihab, Barzak, El Kalima, Hibr, les éditions Enag (entreprise nationales des arts graphiques) et l’Anep (Agence nationale d’édition et de publicité), dont un avant-goût des nouveautés a été publié dans nos colonnes.
Malgré un contexte économique difficile, qui n’a pas épargné le secteur du livre, les éditeurs ont ainsi fait l’effort de présenter des nouvelles publications à des prix qui restent relativement abordables. Seront également présentes de nouvelles maisons d’édition, qui ont réussi, lors des éditions plus récentes du Sila, à se démarquer avec des publications s’adaptant aux attentes de la jeunesse à l’instar des maisons d’édition El Djazaïr Taqraâ et El Khayal.
Les jeunes plumes algériennes seront également mises en valeur par les organisateurs du 24e Sila en offrant des espaces d’expressions aux lauréats des différents prix littéraires algériens, Prix Assia-Djebbar, Prix Mohamed-Dib, ou encore le Prix Ali-Maâchi. Les lauréats du Prix Katara du roman arabe, attribué récemment au Qatar, prendront également part à cet événement.
Toutefois, il est à noter que cette année une dizaine de maisons d’éditions algériennes, habituées du Sila, à l’instar des Editions Dar El Othmania, se sont retirées pour des raisons financières liées à la cherté des prix de location des stands.
L’actualité sociopolitique s’invite au Sila
D’un point de vue littéraire, les visiteurs du Sila 2019 pourront découvrir une dizaine d’ouvrages consacrés au mouvement de contestation du peuple algérien, entamé depuis le 22 février dernier et qui est toujours en cours, à travers des livres qui seront présentés pour la première fois, « Aux Sources du Hirak » de Rachid Sidi Boumedine, publié aux éditions Chihab. «La Révolution du 22 février.» « De la contestation à la chute des Bouteflika » , du journaliste Mahdi Boukhalfa, aux éditions Frantz-Fanon, «Jeux de pouvoir en Algérie, Plumes rebelles » de Mohamed Koursi, aux éditions Médias Index, « Libertés, Dignité, Algérianité, avant et pendant le Hirak», de Mohamed Mebtoul, aux éditions Koukou, et le roman «La Casa d’El Mouradia » de Mohamed Benchicou, également publié aux éditions Koukou.
D’autres ouvrages sur le Hirak, publiés ces derniers mois, seront également présents à l’instar de «Marcher !», cinquième volume de la série/collection «Nous Autres – Eléments pour un manifeste de l’Algérie heureuse, réalisé sous la direction d’Amin Khan et publié aux Editions Chihab, et l’ouvrage collectif «la Révolution du sourire» publiée aux éditions Frantz-Fanon.
Sihem Bounabi