La plus grande crise alimentaire au monde guette le Yémen, livré à une guerre d’agression menée par l’Arabie Saoudite, sous le couvert de la coalition arabe, contre les Houthis (chiites) depuis mars 2015.
“Nous voyons une génération entière qui est affamée. Nous devons agir maintenant pour sauver des vies”, a martelé, hier, le Secrétaire général des Nations unis à l’ouverture d’une réunion de haut niveau sur la crise humanitaire au Yémen, organisée au siège de l’ONU de Genève avec le soutien de la Suisse et de la Suède. C’est le cri d’alarme lancé par Antonio Guterres sur la situation catastrophique au Yémen pour appeler la communauté internationale à financer l’aide humanitaire dans ce pays plongé dans une guerre imposée par la coalition arabe, dirigée par l’Arabie Saoudite, depuis mars 2015. À signaler que cette coalition est soutenue par des pays occidentaux, dont notamment les États-Unis, qui s’abstiennent d’en dénoncer les dépassements et les bavures. Une campagne de bombardements y est menée systématiquement pour repousser les rebelles houthis, soutenus par l’Iran, qui avaient pris le contrôle de la capitale Sanaa et d’autres parties du pays. Les principales victimes sont des civils, particulièrement les femmes, les enfants et les personnes âgées, qui souffrent de cette famine. “La famine peut être évitée si nous agissons rapidement”, a affirmé le patron de l’ONU, alors que cette dernière réclame depuis le début du mois de février 2,1 milliards de dollars (2 milliards d’euros) pour aider, cette année, 12 millions de personnes affectées par le conflit. Mais cet appel de fonds n’est financé qu’à hauteur de 15% seulement, selon Antonio Guterres. Lui emboîtant le pas, le patron des opérations humanitaires de l’ONU, Stephen O’Brien, a rappelé que “le Yémen est la plus grande crise humanitaire actuellement”, tout en insistant sur le risque de famine. Il a appelé à davantage de générosité des donateurs et à une cessation des hostilités. “Environ 19 millions de personnes au Yémen, soit approximativement deux tiers de la population, ont un besoin urgent d’aide humanitaire”, a souligné Antonio Guterres. “Quelque 17 millions de personnes souffrent de la faim, ce qui fait de ce pays la plus grande crise alimentaire au monde”, a-t-il ajouté. Le sort des enfants est des plus sombres: “Un enfant de moins de 5 ans meurt au Yémen toutes les 10 minutes de causes évitables”, a-t-il déploré. Ce qui complique davantage la situation, c’est le fait que le Yémen est presque entièrement dépendant des importations, dont une grosse partie arrive par le port de Hodeida. Les Nations unies ont appelé la coalition militaire arabe à ne pas bombarder ce port stratégique contrôlé par les Houthis. “Si ce port devient inaccessible, pour une période limitée, la situation humanitaire continuera de se détériorer, en particulier dans le nord du Yémen”, a souligné, hier, le ministre des Affaires étrangères suisse, Didier Burkhlater.