Le Think Tank français Agridées alerte sur la montée de la production russe: Mutation profonde sur l’échiquier céréalier mondial

Le Think Tank français Agridées alerte sur la montée de la production russe: Mutation profonde sur l’échiquier céréalier mondial

Alors que la production russe de céréales a connu, depuis cinq ans, un véritable essor, l’échiquier céréalier mondial a, quant à lui, subi une profonde mutation. Incapable de s’adapter à la concurrence, la France risque de voir sa part sur ses marchés traditionnels se rétrécir, indiquent les rédacteurs du rapport Agridées.

La filière céréalière française, qui compte parmi les principales exportatrices mondiales, traverse une période de turbulences face à une concurrence acharnée. C’est ce qui découle du rapport publié en janvier par le think tank français Agridées. Son auteur, Yves Le Morvan, évoque «une modification profonde sur l’échiquier céréalier mondial» et note que les ventes de la France faiblissent tandis que celles des pays bordant la mer Noire sont, au contraire, en train de bondir.

«Lors de la campagne 2017-2018, la Russie, à elle seule, a exporté 41 millions de tonnes de blé. Elle est devenue le pays leader, loin devant les États-Unis, l’UE, le Canada (entre 20 et 25 millions de tonnes), et fixe des références. Sur 10 ans, c’est une tornade, sur une période plus longue de 20 ans, c’est un ouragan!», écrit ce responsable filières et produits du think tank. «Face à cette vague montante, les réflexions et comportements des parties prenantes françaises suscitent plus le doute qu’ils ne créent une dynamique de sursaut quant à la capacité exportatrice de notre pays», s’inquiète l’analyste. La France est le premier producteur et le premier vendeur européen de blé à l’international.

Or, alors que la production russe a progressé, l’Hexagone, lui, a perdu des parts de marché. Ces dernières se sont notamment rétrécies en Afrique de l’ouest, au Maroc et en Égypte, en ce qui concerne les acheteurs privés. Pour arriver à un tel résultat, la Russie a bénéficié de plusieurs avantages: les volumes céréaliers importants ont permis de diminuer les prix, le taux bas du rouble face au dollar a été propice aux exportations et les infrastructures ont offert aux clients des conditions avantageuses, note la société. La Russie cherche par ailleurs à s’adapter aux besoins du marché algérien, où elle pourrait dépasser la France, apprend-t-on également.

L’Algérie est le premier débouché pour la France hors d’Europe, mais rien ne garantit que ce titre sera conservé encore longtemps. Le pays, qui cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement, représente un morceau de choix pour des concurrents internationaux prêts à en découdre, incluant la Russie et ses prix attractifs, selon le rapport. Les exportations de blé russe de 2018 battraient les records mondiaux de ces 30 ans. La France a quant à elle besoin d’une stratégie pour adapter l’exportation de ses céréales aux nouveaux défis de la filière, conclut l’auteur de la note.

Lors de son message annuel à l’Assemblée fédérale, Vladimir Poutine a affirmé que la Russie avait exporté en 2018 44 millions de tonnes de blé. Qui plus est, le pays a assuré l’indépendance de son fonds de semences. Depuis cinq ans, l’agriculture russe a vu une augmentation importante de son volume de production. En 2017, elle a récolté 135 millions de tonnes de céréales, battant ainsi le record soviétique de 1978: 127,4 millions de tonnes. En 2018, la récolte de céréales a atteint 112,8 millions de tonnes, dont 72,07 millions de tonnes de blé. Selon le ministère russe de l’Agriculture, le pays a augmenté début février ses exportations de céréales de 3% par rapport au début de la saison, les ventes de blé sont passées de 11% à 27,3%.

R.E/agences