Bien que la saison estivale tire à sa fin et que la rentrée scolaire boucle déjà sa première semaine, les plages du littoral béjaoui ne désemplissent pas, notamment durant les week-ends.
En effet, en ce début de septembre, les stations balnéaires de la côte Est de Béjaïa continuent encore à attirer des vacanciers, particulièrement des familles émigrées et celles issues d’autres régions du pays. Ces estivants préfèrent laisser passer la période de grand rush, à savoir le mois d’août, pour venir se détendre et prendre du repos dans l’une des coquettes villes côtières de cette paisible région. Pour eux, c’est la période la plus propice pour aller en villégiature après de longs mois de labeur et de monotonie.
Cependant, si le moment choisi par ces vacanciers de septembre semble être opportun pour mieux se distraire, il n’en demeure pas moins que leur pouvoir d’achat et les conditions d’accueil qui leurs sont réservées sur les plages béjaouies laissent à désirer. A commencer par l’accès à l’une de ces plages, qui relève d’un véritable parcours du combattant. Et pour cause, les promesses des autorités de wilaya, qui ont insisté sur la gratuité des plages et le meilleur accueil des vacanciers, s’avèrent finalement un leurre ! Une simple virée dans une station balnéaire de la région suffit pour constater de visu l’anarchie qui règne en maître tout au long du périmètre de la plage.
Le constat que nous avons fait lors de notre tournée dans quelques plages de la côte est de Béjaïa, en cet après-midi de lundi 11 septembre 2017, est amer ! Rien n’a réellement changé sur le terrain, comparativement aux saisons estivales précédentes. L’insalubrité, le squat des espaces par des commerces informels, le diktat de jeunes parkingueurs, le manque d’infrastructures et d’équipements balnéaires, l’absence de sécurité et de contrôle en matière d’hygiène… sont autant d’anomalies que nous avons pu déceler sur le terrain.
Dès notre arrivée, vers 17H, à l’entrée de la plage d’El Maghra, relevant de la commune de Boukhelifa, dans la daïra de Tichy, des jeunes parkingueurs, des tickets à la main, nous barrent la route pour exiger une « dîme ». « 100 DA SVP ! », clame l’un d’eux d’un ton menaçant sous le regard attentif de ses acolytes. C’est le prix du stationnement pour le véhicule. Selon un père de famille venu de la wilaya de Bouira, rencontré sur les lieux, un estivant originaire de Sétif qui ne voulait pas s’acquitter de ces « droits » de stationnement, a vu son véhicule endommagé avec quatre roues crevées. Allusion faite aux actes de représailles et de sabotage auxquels s’adonnent en toute impunité ces gardiens de parkings autoproclamés. Une fois sur le sable, d’autres grappes de jeunes squattent des espaces où ils déposent leur « marchandise ». Ils proposent aux estivants des chaises, des parasols, des tentes, des boissons fraîches, du tabac, des sandwichs, des recharges téléphoniques… Outre la fraude fiscale et l’absence des conditions d’hygiène, ces commerces informels affichent des prix exorbitants. Une bouteille d’eau minérale fraîche à 100 DA, alors qu’un parasol est cédé à 200 DA.
C’est dire que les orientations données par le wali de Béjaïa, lors de l’installation de la commission de wilaya, chargée du suivi et du bon déroulement de la saison estivale, sont tombées dans l’oreille d’un sourd. Rappelons que cette commission, mise en place sur instruction du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, est composée des directeurs exécutifs concernés (Tourisme et l’Artisanat, Santé, Commerce, Environnement, Protection civile…), des P/AP des communes côtières ainsi que des membres de la commission de wilaya de la sécurité. A vrai dire, chaque année et depuis toujours, les autorités de wilaya procèdent à l’installation d’une telle commission chargée de la préparation et du suivi de la saison estivale, malheureusement, celle-ci n’arrive toujours pas à mettre de l’ordre sur le terrain. Autrement dit, à Béjaïa, les saisons estivales se suivent et se ressemblent.
M. Kaci Abdellah, cadre de la santé et élu à l’APW de Béjaïa, déplore « l’absence de l’autorité de l’Etat », arguant qu’« en dépit de la volonté des pouvoirs publics quant à la nécessité de mettre le holà au niveau de nos plages, on constate une absence flagrante du suivi sur le terrain des recommandations faites par les autorités compétentes ». « L’Etat semble être impuissant face au diktat de ceux qui font de nos plages et de la saison estivale le moyen de s’enrichir illicitement. Moi, personnellement, je préfère aller passer mes vacances avec ma famille en Tunisie que de me livrer à ces gens sans scrupule.
D’ailleurs, ça me revient moins cher avec, en plus, des prestations meilleures », nous dira un enseignant universitaire rencontré dans la ville de Béjaïa. Il est vrai que les tarifs de location en cette période estivale s’envolent à Béjaïa. Pas moins de 8 000 DA pour une nuitée, que ce soit dans un appartement de type F3 ou dans un cabanon au bord de la mer. Certaines agences immobilières affichent des prix excessifs en période de haute saison, soit durant le mois d’août, où l’affluence des vacanciers atteint son apogée. Voilà les vraies raisons qui poussent les enfants du bled à fuir la région pour passer leurs vacances sous d’autres cieux plus cléments !