S’il y a un secteur qui devrait générer rapidement et en quantité des devises pour le Trésor public, c’est bien le tourisme. Le secteur souffre cependant d’inexplicables lacunes qui le rendent peu attractif.
Le tourisme continue d’être le parent pauvre de l’économie algérienne alors que dans la majorité du pourtour méditerranéen, il est considéré comme un puissant moteur de la croissance.
Chez nous, il ne représente que 4% du volume des exportations, 10% du taux des investissements productifs et 8% du Produit intérieur brut. Pourtant, les atouts du pays qui ne sont plus à démontrer, mais à valoriser sont nombreux et diversifiés. La mer, les montagnes verdoyantes au printemps et enneigées en hiver, la steppe, les dunes, le désert de roche offrent des possibilités de villégiature qu’il est rare de trouver ailleurs.
Le territoire est également perclus de sources d’eaux froides et chaudes: 282 sites thermaux dont 61% de sources d’eau minérale naturelle au nord et 39% de sources d’eau souterraine. Il ruisselle de cascades et permet toutes les activités de plein air, d’exploration, d’aventure ou même de sports extrêmes. Les espaces y sont immenses, les grottes nombreuses et deux chaînes montagneuses, l’Atlas tellien et saharien, le traversent d’est en ouest.
L’Algérie recèle en outre un patrimoine culturel et architectural exceptionnel. De la préhistoire aux temps modernes européens, en passant par l’Antiquité grecque et romaine, l’âge d’or de l’islam et ottoman, de nombreuses civilisations y sont représentées. L’ancienne culture locale est, elle aussi, d’une richesse phénoménale. Ses réminiscences sont conservées dans des gravures rupestres qui remontent à l’aube des temps, dans des artefacts vieux de plusieurs milliers d’années, dans l’artisanat, les costumes, les coutumes, la cuisine et forment un musée vivant à ciel ouvert. A ces particularités s’ajoutent de nombreux mausolées où se pratiquent des rites marqués historiquement et sociologiquement susceptibles de capter un tourisme cultuel et spirituel pour répondre à une demande recensée dans le monde entier.
D’autre part, l’agrotourisme et les charmes de la vie rustique sont devenus aujour-d’hui des produits touristiques extrêmement prisés par une clientèle que ne satisfont plus les bunkers balnéaires et les hôtels standardisés. Ce mode de vie est encore largement répandu en Algérie qui, avec ces cartes maîtresses, peut se transformer sous peu en destination phare de la Méditerranée et de l’Afrique du Nord. Surtout que les autres pays de la région sont saturés et n’offrent par conséquent plus l’étonnement que recherchent les touristes et les voyagistes aujour-d’hui. Ici pourtant, le dépaysement et la découverte sont garantis.
Il suffit d’un peu de volonté et d’imagination pour attirer une fraction du tourisme international dont la gourmandise augmente avec le temps. En 2016, celui-ci a progressé de 4% pour atteindre 1,2 milliard de visiteurs et ce sont les Asiatiques qui, avec 8% du total, animent ce marché. L’Europe reste la région du monde la plus visitée, avec 620 millions de touristes, mais le nombre de visiteurs commence à faiblir en raison des craintes liées à la sécurité dans certains pays. Même sans aller aussi loin, satisfaire les besoins du marché interne et inverser le flux des Algériens qui partent chaque année à l’étranger feront retrouver au secteur de belles couleurs.
La communauté algérienne ou d’origine algérienne est, elle aussi, friande de l’atmosphère de la terre des aïeux. Toutefois, il existe des raisons objectives et d’autres subjective qui empêchent l’essor de l’activité. En tête de liste se trouve la qualité des prestations, mais aussi la forte bureaucratisation du métier. Le manque d’infrastructures et leur éloignement des normes en vigueur dans ce service de pointe assombrissent davantage le tableau. Un touriste achète le droit d’être un roi durant une semaine ou deux par année et ne supporte pas que son repos ou sa joie de vivre soient perturbés par quoi ce soit.
D’une manière générale, l’ambiance du pays ne se prête pas toujours à ce caprice. La vie nocturne est de courte durée et les lieux de plaisir y sont réduits. De plus, l’urbanisation anarchique des dernières années a considérablement enlaidi les villes et leurs faubourgs qui pâtissent d’un manque de loisirs et d’équipements de récréation.
Des motifs exogènes liés à la mentalité et au train de vie assez austère de la population compliquent les affaires du tourisme et retardent son décollage. Les difficultés de déplacement et de paiement avec la monnaie démagnétisée, en premier lieu les cartes de crédit qui ont remplacé depuis longtemps le portefeuille, désemparent également ceux qui vivent sous des cieux où ces instruments sont quotidiennement utilisés. Un étranger aura du mal à changer facilement son argent à tout heure hormis au marché noir avec tous les risques qu’une telle opération comporte.
La cherté des billets d’avion en haute saison est enfin un facteur dissuasif pour les visiteurs qui seraient tentés de passer leurs vacances ici. Si l’on tient compte aussi de la dynamique de l’investissement dans ce domaine, on serait tenté de croire qu’il ne constitue pas une priorité pour les autorités. Seulement 1 670 projets touristiques ont été acceptés, mais seulement 584 sont en cours de réalisation. On est donc loin de l’engouement pour accorder notre hospitalité à ceux qui veulent partager avec nous l’amour de notre sol si chéri..