Le Vice-gouverneur de la Banque d’Algérie: «La politique des années 2000 a sauvé l’Algérie»

Le Vice-gouverneur de la Banque d’Algérie: «La politique des années 2000 a sauvé l’Algérie»

Les importations ont baissé de 57 milliards à 49 milliards de dollars. «Ce sont ces baisses qui ont permis de rendre moins important le déficit du budget de l’Etat, par rapport à celui de 2015» signale Benbelkacem.

La chute de 30 milliards de dollars en l’espace d’une année des réserves de change du pays, n’est pas synonyme de crise financière. C’est ce qu’a tenté de défendre le Vice-gouverneur de la Banque d’Algérie, Djamal Benbelkacem, lors de son intervention à la chaîne 3 de la radio nationale. Il y a d’abord le niveau atteint à fin 2016, autour de 114 milliards de dollars qui met véritablement à l’abri le pays contre un incident financier grave. Il reste, selon M. Benbelkacem que le choc financier a été très dur sur l’économie du pays. Mais d’un autre côté pour terrible qu’a été la chute des recettes des hydrocarbures, le pays a maintenu un niveau de croissance appréciable et l’économie n’a pas trop souffert de la situation. «Ce sont les politiques économiques, durant les années 2000, qui ont permis de constituer des réserves de change assez importantes», apportant un véritable bouclier contre une récession. Le Vice-gouverneur de la BA, rappellera à ce titre, que d’autres pays producteurs de pétrole n’ont pas aussi bien résisté que l’Algérie et des Etats comme la Russie, le Venezuela, la Norvège et le Nigéria, ont sombré dans la récession et ont du déprécier fortement leurs monnaies. L’Algérie a échappé à cette logique implacable grâce à la mise en place d’une épargne publique qui s’est matérialisée sous forme d’un fonds de régulation des recettes qui, affirme M. Benbelkacem, a permis à l’économie algérienne d’avoir une «capacité de résilience importante», à même de poursuivre sur une croissance «vigoureuse», malgré la baisse drastique des recettes en devises.

Mais cette «force de l’économie» du pays n’exclut pas une forme de fragilité relative à sa structure propre. Mais les efforts de correction ont permis d’y remédier quelque peu, même si en 2015, il n’y a pas eu de diminution «significative», des dépenses publiques. Il fallait attendre de 2016, pour constater que le déficit budgétaire a été beaucoup moins important grâce à l’exercice de consolidation budgétaire. Cela s’est traduit par une baisse des importations de 57 milliards à 49 milliards de dollars. «Ce sont ces baisses qui ont permis de rendre moins important le déficit du budget de l’Etat, par rapport à celui de 2015» signale Benbelkacem.

Cette approche a été retenue dans la loi des Finances de 2017 qui a innové en déployant un Plan de cadrage jusqu’à 2019. Durant ces trois ans, le gouvernement devra relever, note l’invité de la chaîne 3, deux grands défis. «Le premier concerne l’ajustement pour maintenir la balance des paiements en équilibre, parce que nous dépensons plus qu’on ne produit», assure-t-il. Quant au second défi, consistera «à ne pas trop ajuster, afin que la dépense publique ne diminue pas trop et n’ait pas un impact négatif sur l’activité économique, la croissance et l’emploi». C’est-à-dire, un jeu d’équilibre très sensible qui devrait booster la croissance économique du pays, avec prime à l’investissement productif. Il faut dire que cette politique est déjà en œuvre, puisque l’investissement est toujours en hausse, ce qui a induit une croissance économique de 3,8% en 2015. Les chiffres de 2016, pas encore consolidés, devraient être au même niveau de grandeur.