Le vieillissement de la population et la prise en charge des seniors, de plus en plus nombreux, constituent des défis préoccupants pour l’Algérie, alerte le collectif citoyen Nabni (Notre Algérie bâti sur de nouvelles idées) dans une synthèse publiée mardi 26 mai intitulée « De l’urgence d’une stratégie nationale pour une autre prise en charge de nos aînés ».
« D’ici 2030, 14% des Algériens auront entre 60 et 79 ans (7 millions contre 2,8 millions en 2013), constituant des incidences sur la santé et l’économie de la population », informe le collectif qui déclare qu’ »une prise en charge de nos aînés constitue l’un des virages que le pays doit négocier sans attendre ».
« Faire face à l’urgence avec des moyens limités »
Des dispositifs étatiques ainsi que des initiatives de la société civile co-existent en Algérie afin d’œuvrer, tant bien que mal, à procurer un certain confort aux personnes âgées qu’elles accueillent: Les maisons d’accueil (Dar el âajaza), les services hospitaliers de médecine polyvalente où des seniors sont transférés faute de services de gériatrie, mais aussi les associations des personnes âgées répartis à travers le pays.
En plus des établissements, la journée nationale des personnes âgées, célébrée chaque année le 27 avril, est une initiative qui propose des mesures concrètes sur l’accompagnement des aînés, tout comme quelques rares travaux académiques sur le sujet.
Mais ces actions ne suffisent affirme Nabni qui estime que « face à l’absence d’une stratégie nationale volontariste, équilibrée et adaptée à notre culture et à nos territoires de santé, ces acteurs tentent de faire face à l’urgence, de façon isolée et avec des moyens limités. »
« Comment ne pas s’interroger devant l’absence de projet planifié et concerté de prise en charge de nos concitoyens âgés, qu’ils soient en bonne santé, fragiles ou en perte d’autonomie, voire en situation de dépendance? », martèle le document.
L’impératif de définir un modèle algérien
Si le collectif ne recommande pas des mesures calquées sur le modèle occidental, souvent critiqué, de prise en charge des aînés, il propose de concevoir un modèle algérien adapté aux réalités culturelles et sociologiques algériennes.
« Le vieillissement et la perte d’autonomie doivent être pris en compte dans les choix stratégiques de l’Etat, en matière sociale et de santé, mais aussi d’urbanisme et de vivre ensemble, » estime Nabni qui ajoute: « La politique nationale de santé doit aussi permettre aux citoyens d’accéder à des dispositifs adéquats pour garantir la sécurité des personnes âgées dépendantes ».
Pour le collectif, les entrepreneurs et investisseurs du pays doivent aussi prendre conscience que la prise en charge des aînés peut véritablement constituer un levier de développement économique. La « Silver Economy », l’Economie des Seniors, désigne toutes les activités développées autour de la prise en charge et de l’accompagnement des aînés.
« Elle est pourvoyeuse d’emplois et d’innovation, étant donné toutes les possibilités technologiques permises pour accompagner et prendre en charge les seniors, notamment pour développer le maintien à domicile qui correspond naturellement à notre culture », explique-t-on.
Nabni entend poursuivre le travail afin de nourrir le débat national et souhaite contribuer à « tracer les contours d’une véritable stratégie nationale qui permette à notre pays d’anticiper les effets du vieillissement » et aider à mettre en place les réformes adéquates.