Karim et sa femme Claudia comptaient réaliser un rêve en visitant New York ce mercredi. Mais à peine arrivés sur le territoire américain, le Bruxellois a été emprisonné puis refoulé par la police, avant d’être mis dans un avion vers la Belgique. Sa femme a dû racheter un billet retour. Nos journalistes Jean-Pierre Martin et Elisabeth Wouters ont rencontré le couple.
Karim et Claudia rêvaient de visiter New York depuis longtemps, et ils étaient sur le point de réaliser ce rêve. Ce mercredi, le couple a pris l’avion pour une semaine de vacances de l’autre côté de l’Atlantique. Mais très vite, le voyage a tourné au cauchemar.
Une fois à l’aéroport JFK, Claudia et Karim ont reçu le tampon qui leur permettait d’entrer sur le territoire… mais Karim a rapidement été redirigé au service immigration, alors que sa femme a été envoyée vers les bagages. Pour le jeune homme, c’était le calvaire qui commençait. « J’ai été interrogé plusieurs heures sans savoir ce qui se passait« , confie Karim.
Les policiers interprètent abusivement certaines photos et Karim comprend mal les questions
Karim a montré à notre équipe tous ses documents: ils sont en règle. Pourtant, les policiers vérifient le téléphone de notre témoin et tombent sur des photos qu’ils ont interprété de manière abusive. Dans le procès-verbal qui a été dressé, il est reproché à Karim de lever la main à la manière des djihadistes de l’Etat islamique. « J’ai des photos où j’atteste de l’unicité de Dieu, et on fait ceci en levant le doigt, je vais vous avouer que je ne sais même pas exactement pourquoi, mais c’est par coutume. Quand on entend l’appel à la prière mais qu’on ne peut pas prier, on lève le doigt« , explique notre témoin.
Les policiers demandent ensuite à Karim s’il a déjà été arrêté. Mais un malentendu s’installe et le Belge comprend qu’on lui demande s’il a déjà été interrogé lors de contrôles d’identité. « Je réponds à cette question que oui, une dizaine de fois. Je pensais qu’ils parlaient de contrôles d’identité. Vous savez, après 8h de vol, le décalage horaire, le fait de ne pas avoir mangé, d’être stressé et fatigué… J’ai répondu ça. Ils ont été étonné et s’en sont suivies des questions sur l’Etat islamique. Je suis d’origine algérienne et italienne, donc j’ai trois passeports. Je suis de confession musulmane« , explique Karim.
Pour le Belge, les policiers ont clairement orienté l’interrogatoire et ont trouvé des prétextes pour l’arrêter et l’expulser. « Selon moi ils voulaient me faire dire des choses que je ne devais pas spécialement dire. Je ne suis pas un criminel, je n’ai pas de casier judiciaire, je me suis déjà fait arrêter oui, pour excès de vitesse, mais je n’ai jamais été en prison…« , confie Karim, encore choqué par cette mauvaise expérience.
À la fin de l’interrogatoire, les policiers ordonnent à Karim de signer sa déposition, sans même lui permettre de la relire. « Ils m’ont menacé de passer par la manière forte si je ne coopérais pas immédiatement« , affirme notre témoin.
Placé dans un centre de détention puis expulsé
Finalement, le Bruxellois a été emmené dans un centre de détention puis expulsé du territoire américain et conduit vers l’avion les pieds enchaînés et les mains menottées. « Ils m’ont enlevé les menottes des pieds et ils m’ont demandé de cacher les chaînes qu’il y avait autour de mon buste. On est attaché de manière à ne pas pouvoir mettre les mains trop loin. On est attaché, enchaîné, les chaines pendent… On m’a demandé de tenir les chaînes, après j’ai compris que c’était pour ne pas effrayer d’autres gens. À ce moment-là je suis accompagné par deux agents« , confie le jeune homme.
« Quand on retournera aux Etats-Unis? Ça ne sera pas pour bientôt, peut-être pour jamais »
Alors que le jeune homme est interrogé par la police, à aucun moment sa compagne, Claudia, n’a pu entrer en contact avec lui. Elle a dû racheter un billet retour auprès d’une autre compagnie. « Quand on retournera aux Etats-Unis? Ça ne sera pas pour bientôt, peut-être pour jamais. Ça a été une très mauvaise expérience, je suis triste…« , confie la jeune femme.
Le décret de Donald Trump sur la fermeture des frontières à des ressortissants de sept pays musulmans est suspendu par la justice américaine. Pourtant, dans les faits, il a provoqué un renforcement des contrôles aux frontières.