Devant la pénurie d’eau qui frappe de plein fouet plusieurs wilayas du pays, une ruée vers les bouteilles de l’eau minérale est plus que prévisible. Cependant, et face à ce subit engouement de la population, les prix des désormais précieuses bouteilles ne risquent-ils pas d’augmenter ? Une question à laquelle répondent Ali Hamani, président de l’Association des producteurs algériens de boissons (APAB), et Hadj Tahar Boulenouar, président de l’Association nationale des commerçants et artisans (ANCA).
Face à l’augmentation de la demande, Ali Hamani a dévoilé, aujourd’hui, que la production de l’eau minérale sera doublée. Le président de l’APAB a également confié, pour le journal arabophone El Chourouk, que la consommation annuelle des eaux minérales est de 2.7 milliards de litres en Algérie, soit de 60 litres par habitant. Un chiffre qui va sans doute augmenter.
Vers une hausse des prix de l’eau minérale ?
Pas d’après M. Hamani en tout cas, qui précise que l’APAB a exhorté les producteurs à ne pas augmenter les prix des bouteilles de l’or bleu pendant cette période marquée par une crise sans précédent. Hamani a également affirmé que son association a appelé près de 100 producteurs d’eau minérale à augmenter leur production en suivant le même plan tracé lors de la crise sanitaire du Choléra en 2018.
En parallèle, l’association demande du gouvernement de revoir à la baisse la taxe concernant l’eau minérale, considérée par Hamani comme étant une denrée nécessaire, et non pas comme un luxe. Selon Hamani, l’eau minérale est désormais un produit qui est largement consommé. Le président de l’APAB a déjà souligné que les producteurs d’eau minérale font face à plusieurs problèmes, notamment à la baisse du pouvoir d’achat des Algériens.
Quand le manque impose le luxe
De son côté, Hadj Tahar Boulenouar, président de l’Association nationale des commerçants et artisans (ANCA), a confié qu’outre l’augmentation de la demande sur les citernes qui a atteint les 50 %, la consommation de l’eau minérale a quant à elle augmenté de plus de 30 %, en ces temps de crise. Boulenouar a nié lui aussi toute hausse des prix des bouteilles de l’eau minérale.
Cependant, et même si les prix ne flambent pas, ce qui n’est pas sur, les Algériens risquent toujours de se ruiner si la crise de l’eau persiste, et si des solutions à moyen et à long terme ne sont pas vite mises en marche par les autorités compétentes.
Dans la majorité des contrées du monde, l’eau minérale reste considérée comme étant un luxe. “Amener les gens à payer pour des choses qu’ils ont déjà en abondance” est un exploit pervers, disait Richard Wilk, professeur d’anthropologie. Toutefois, en Algérie, cet exploit est en voie de devenir facile, prévisible et nécessaire. Mais moins pervers ? Rien n’est sûr.