L’impasse et le manque de visibilité politique impacteront fatalement la situation économique et ralentiront encore davantage la croissance économique.
La Banque mondiale est de plus en plus pessimiste quant à la croissance économique en Algérie. Dans son rapport “Perspectives économiques mondiales”, publié le mardi 4 juin, la Banque mondiale prévoit pour l’Algérie une croissance de 1,9% en 2019, en baisse de 0,4% par rapport à celle de janvier. Pour 2020, l’institution internationale prévoit une croissance “morose” sous l’effet de l’assainissement des finances publiques qui va impacter l’activité hors hydrocarbures. Les prévisions pour les deux prochaines années ont elles aussi été revues à la baisse.
La projection pour 2020 est en baisse de 0,1 point par rapport à celle anticipée dans l’édition de janvier. La projection pour 2021 se situera autour de 1,4% en baisse de 0,4 point comparé aux anticipations de janvier. Le fléchissement des prix du pétrole, mais également le recul de la production d’hydrocarbures causé par “la baisse des quotas décidée par l’Opep et des pays non membres de l’Organisation (Opep +) afin de rééquilibrer le marché mondial” sont derrière la baisse des prévisions des chiffres de croissance pour l’Algérie et la plupart des pays exportateurs d’hydrocarbures, explique la BM dans son rapport.
Dans son bulletin économique de la région Mena, publié en avril dernier, la BM avait prévu le retour rapide de l’Algérie à l’ajustement budgétaire après la politique expansionniste prônée par l’ancien gouvernement pour doper la croissance économique dans un contexte de baisse des recettes pétrolières. La Banque mondiale a précisé que ce rééquilibrage budgétaire devrait être suivi d’un léger ralentissement des secteurs hors hydrocarbures sur l’année 2019, neutralisant ainsi une légère augmentation de la production d’hydrocarbures, et devrait se traduire également par “une croissance léthargique”. Pour la Banque mondiale, les recettes des secteurs hors hydrocarbures étaient en mesure d’apporter une certaine marge de manœuvre pour réduire l’ampleur des coupes budgétaires. Mais, en même temps, elle a prévenu que tout retournement des tendances mondiales du prix des hydrocarbures compliquera la réduction prévue du double déficit.
Le principal défi pour l’économie algérienne est de renforcer sa résilience à la volatilité des prix des hydrocarbures, à la fois en atténuant l’impact de cette volatilité sur le budget et en diversifiant les sources de croissance, a conclu la BM en recommandant d’engager d’ambitieuses réformes. Des réformes qui, aujourd’hui, ne risquent pas de voir le jour. L’impasse et le manque de visibilité politique qui se sont installés dans le pays, s’ils perdurent, impacteront fatalement la situation économique et ralentiront encore davantage la croissance économique qui évolue déjà à un rythme peu favorable.
Saïd Smati