« On est dans une logique de désordre pour le moment », a indiqué mercredi l’économiste es qualité Abdelhak Lamiri sur les ondes de la radio chaine 3. Une logique qui, avertit-il, a un impact très négatif sur l’économie, sur les entreprises, sur le comportement des agents économiques.
Répondant à la question de savoir si l’on n’est pas en situation qui va en se compliquant avec la chute des réserves de change sous la barre des 80 milliards de dollars, M. Lamiri déplore que « nous sommes déjà en situation compliquée parce qu’on voit que les acteurs de la transition sont diverses et les stratégies ne sont pas coordonnées ». Et de conseiller alors qu’«il faudrait s’inspirer des transitions réussies », tout en insistant à dire que tous les acteurs algériens de « cette transition politique » – qui ne fonctionne, selon lui, pas bien pour le moment- «ne doivent pas perdre de vue les deux principaux objectifs phares », à savoir :
Construire une nouvelle République démocratique et moderne de haut niveau.
Récupérer le maximum de richesses nationales dilapidées.
« Tout le reste doit faire l’objet d’une sagesse collective et fera en sorte d’atteindre ces objectifs au moindre coût », énoncera-t-il.
La sagesse économique est d’éviter la récession
S’agissant de la transition politique, M. Lamiri y voit fondamentalement l’impératif d’« un calme politique » au sein duquel il y sera établi « un dialogue serein » entre les acteurs de la société civile et les décideurs.
« Les gens qui ont corrompu le système doivent être certes pénalisés, estime-t-il, mais il faut aller vers une logique de sagesse où « il faut dépasser l’esprit de prison, de règlement de compte et de vengeance. »
Pour cela, « il nous faut un esprit de Mandela qui pense de la sorte pour aller vers une politique du pardon et reconstruire cette deuxième république propre, sans corrompus ni corrupteurs où seule la loi est appliquée pour tous », préconise-t-il rassurant qu’on est loin de la gravité de la crise subie par l’Afrique du Sud.
« Il faut qu’il y ait une politique d’apaisement parce qu’il y va de l’avenir économique du pays pour permettre de mettre une stratégie d’investissement, de développement de PME, afin que le secteur industriel reprenne ses droits et ainsi tout sera remis dans l’ordre », recommande-t-il. A ce moment, suggère l’orateur, on peut aller, ce qui n’est pas impossible, vers une stratégie d’émergence.
Toutefois, avertit l’économiste, au risque de nouveaux affrontements au sein de la société – dans une situation explosive –– l’économie en pâtira et va droit vers la récession et de go vers la dépression et hypothéquer éventuellement l’avenir du pays.
Mais le professeur Lamiri déplore qu’on se soit « déjà en récession sachant que le taux de croissance régresse déjà de 1.5% sinon plus », puisque la situation s’envenime depuis un moment.
« La sagesse est aussi d’instaurer des politiques managériales pour les entreprises en difficultés, surtout, à l’ombre du marasme politique conjoncturel, afin d’aider notre économie de surmonter le cap », conclut-il.
Préserver l’outil de production, c’est préserver l’emploi
« Pour cela il ne faut pas sous estimer l’impact socio-économique de la crise politique », souligne-t-il et prône « des mécanismes pour sauvegarder à la fois les postes d’emploi et le produit de production » pour ainsi éluder de retomber dans le spectre Kahalifa-gate où l’on a détruit tout un outil de production pour des considérations politiques.
De l’avis de l’orateur, il faut avoir un complément d’analyse économique pour les entreprises qui subissent ces actions dans une période où l’on doit pas licencier des employés en plus de pertes nettes de 15 à 20 milliards de dollars de réserves par an, craignant à ce rythme « un ko économique au bout de trois années ».
« Il faut aller vers la constitution d’un comité technique d’avocats pour l’expertise et le suivi des capitaux en fuite à l’étranger », suggère M. Lamiri qui incite également à s’appuyer sur l’association des experts comptables et/ou les compétences de la diaspora nationale qui peuvent aider en en la matière.
« Il faut mettre en place rapidement un comité d’experts pour aller vers l’essentiel : bloquer les comptes ciblés », appelle-t-il. Et d’ajouter qu’on peut – retard en intelligence économique – solliciter l’aide de l’UNICRIJ (organisme spécialisé de l’ONU) qui aide les Etats sur ce registre-là. « Cela peut se faire aussi par le recours aux bureaux d’experts internationaux en contractant des bails à 5-10% des ressources récupérés. Vaut mieux récupérer 90% que rien faut-il admettre », indique-t-il.