« Cette option stratégique n’est pas contradictoire à la situation politique actuelle …»
L’économiste, Mohamed Boukhari a abordé longuement la question liée au retour à l’endettement extérieur. L’invité du forum d’El-Moudjahid a souligné «l’intérêt d’aller vers les prêts extérieurs et l’assouplissement de la règle des 51/49% pour diversifier les ressources de financement de projets structurants». «Cette option stratégique n’est pas contradictoire à la situation politique actuelle, autrement dit au fait que le gouvernement actuel sera appelé à partir dans de brefs délais car le temps que prendra le premier projet de ce genre peut s’étaler sur cinq ans», a-t-il indiqué. Toutefois, explique-t-il, «le projet structurant, défini comme tel, selon des normes scientifiques, doit dégager à moyen terme(de 4 à 5 ans) un surplus de revenus qui permettra de rembourser le principal de la dette». A ce propos, l’impact de l’endettement sur le projet est qualifié d’«insignifiant». «La probabilité que ce genre de projets bien ficelé, bien conçu, pour éviter la réévaluation et dont l’évaluation sera effectuée aussi bien par une commission interministérielle, composée d’experts que par la banque internationale, ne soit pas rentable, est très minime», a-t-il soutenu. Pour l’hôte d’El-Moudjahid, «le recours aux prêts extérieurs auprès des institutions financières internationales de développement est bénéfique d’autant plus que les taux d’intérêt qui y sont pratiqués sont assez bas». Il a fait savoir, en outre, que «le risque de l’ endettement extérieur sur l’économie nationale est pris en charge partiellement par la loi de finances 2020».
Il a rappelé, dans ce contexte, que «le gouvernement a décidé, dans le cadre de la loi de finances 2020, de diversifier les ressources de financement de l’économie à travers un éventuel recours, de manière sélective, au financement extérieur auprès d’institutions financières internationales de développement en vue de financer les projets économiques structurels». Tout en mettant le doigt sur «l’incohérence» de la politique économique actuelle, il estime qu’«il aurait été plus judicieux d’assainir les dépenses publiques en fonction des capacités d’absorption de l’économie et d’élaborer une réforme de fond de la fiscalité à même d’accroître les recettes fiscales en captant une bonne partie de l’activité informelle qui représente, pour rappel, quasiment 50% du PIB». Il a même décelé à travers certaines dispositions de ladite loi de finances, notamment concernant la réduction de 20,1% du budget d’équipement «la volonté de substituer l’investissement public dans les projets structurants par l’investissement ciblé par l’endettement». Il est important, soutient-il encore que «le gouvernement, à travers des mesures incitatives introduites dans la loi de finances de 2020, mise sur des start-up, pour créer de la valeur ajoutée, favorise l’émergence d’une dynamique territoriale par la création de quatre types de zones industrielles intégrées et projette de développer le paiement électronique, et ce, pour créer de la richesse». Par ailleurs, il a évoqué, la faible capacité d’absorption de l’économie algérienne. Cet aspect n’est pas énoncé dans la LPF 2020: «Des crédits alloués qui ne sont pas consommés, le recours à la main-d’oeuvre étrangère (cela signifie qu’on n’a pas assez de ressources et de moyens pour la mise en oeuvre de ces programmes), et on a enregistré un chômage structurel élevé, de l’ordre de 10%», a-t-il souligné. Il a plaidé pour «le changement de paradigme économique et aller vers un nouveau modèle cohérent…». Il s’agit, entre autres, dit-il, «de diversifier et de promouvoir nos exportations en favorisant les secteurs où l’Algérie dispose d’avantages comparatifs, comme on doit aider les entreprises publiques et privées pour construire des champions nationaux à l’image de ce qu’ont fait les Coréens avec leur Samsung et LG».