L’opposition koweïtienne a enregistré une grande percée dans le scrutin législatif du 26 novembre. Les différents groupes de l’opposition et leurs alliés, dont une moitié d’islamistes, ont remporté près de la moitié des 50 sièges du Parlement, selon les résultats des législatives. Une percée qui suscite des inquiétudes sur l’avenir politique de l’émirat.
Les opposants ont raflé 24 sièges, selon des résultats publiés ce 27 novembre par les autorités électorales. Les opposants islamistes, libéraux et nationalistes ont participé aux élections anticipées de samedi après un boycottage de quatre ans du Parlement en signe de protestation contre une révision de la loi électorale.
Environ la moitié des élus de l’opposition et leurs alliés sont des islamistes (Frères musulmans ou salafistes). Une seule femme a remporté un siège et le nombre d’élus de la minorité chiite est tombé à six, contre neuf dans la chambre sortante.
Le Parlement a été renouvelé dans une proportion d’un tiers.
Mesures d’austérité
Les Koweïtiens ont voté samedi en grand nombre lors d’un scrutin marqué par le retour de l’opposition dans un émirat agité depuis des mois par la réduction des subventions gouvernementales et des mesures d’austérité, consécutives à la chute des revenus pétroliers.
Un taux de participation élevé a été enregistré dans de nombreux bureaux de vote, certains faisant état d’une participation de 80%, selon la télévision d’Etat.
Le scrutin de samedi fait suite à la dissolution du Parlement le 16 octobre, provoquée par une fronde de députés à la suite de l’augmentation des prix des produits pétroliers, un thème qui a été au coeur de la campagne électorale.
Vote sanction?
« L’opposition a fait un retour remarqué au Parlement. Les électeurs ont sanctionné ceux qui les ont laissés tomber et ont rejeté les mesures d’austérité », a estimé Dahem al-Qahtani, un expert politique. « Je pense que la composition (du nouveau Parlement) va mener à des confrontations entre des élus de l’opposition et le futur gouvernement », a déclaré un autre spécialiste, Mohammed Al-Ajmi.
L’émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, doit demander au Premier ministre sortant ou à un autre membre de la famille régnante de former le prochain gouvernement, comme le veut la Constitution, qui ne l’oblige pas à nommer à ce poste le chef de la majorité parlementaire.
Pour M. Al-Ajmi, « il y a de nombreux sujets potentiels de querelles » entre ces élus et le pouvoir, « comme les mesures économiques, de déchéance de la nationalité et d’autres ». Le gouvernement a intérêt à coopérer avec l’opposition afin d’ »instaurer un équilibre entre les pouvoirs et éviter les conflits », selon lui.