L’élargissement du canal de Panama dans sa dernière phase

L’élargissement du canal de Panama dans sa dernière phase

Les travaux d’élargissement du canal de Panama, qui ouvrira une nouvelle voie en 2015, viennent d’entrer dans leur dernière phase à un an du centenaire de la route maritime interocéanique par laquelle transite 5% du commerce mondial.

Ce chantier pharaonique lancé en 2009 pour un investissement de 5,25 milliards de dollars (environ 4,2 milliards d’euros), permettra à terme le passage des navires post-Panamax.

Ces bateaux de 400 mètres de long et 50 mètres de large, qui transportent 12.000 conteneurs (au lieu des 5.000 au maximum aujourd’hui autorisés sur le canal), constituent 30% de la flotte mondiale et leur nombre continue de croître.

Les administrateurs visent ainsi à attirer notamment les transporteurs de produits à risques, tels que les combustibles, aujourd’hui contraints de contourner le continent via le Cap Horn, dont la traversée est souvent agitée.

Il y aura « de nouvelles opportunités, comme le passage de charbon et de gaz naturel liquide. Ce sont les deux principaux domaines de nouvelles opportunités », explique à l’AFP Jorge Quijano, administrateur de cette voie de 80 km inaugurée en 1914 et dont le contrôle a été cédé par les Etats-Unis au Panama le 31 décembre 1999.

Selon lui, la voie élargie permettra d’ouvrir, dans des conditions compétitives, le marché asiatique au charbon colombien et au gaz naturel liquide du Venezuela, de Trinidad et Tobago et du Golfe du Mexique. M. Quijano table sur une mise en service de la voie élargie en juillet 2015.

Le cahier des charges des travaux prévoit notamment le percement d’une troisième voie d’eau, l’élévation du niveau du lac Gatun, l’élargissement des voies d’accès, le creusement du lit du canal et la construction de nouvelles écluses sur trois niveaux.

Cette semaine, quatre des 16 portes géantes de ces écluses, de fabrication italienne, ont été reçues par le Panama, marquant le début de la dernière phase des travaux. Elles permettront d’élever les gros porte-conteneurs de 27 mètres au-dessus du niveau de la mer, puis de les remettre à flots après avoir traversé l’Amérique centrale.

« Bouleverser l’industrie maritime internationale »

« Ces travaux vont bouleverser l’industrie maritime internationale », a assuré mardi le président panaméen Ricardo Martinelli lors de la cérémonie de réception des portes.

Il ne pourra toutefois pas réaliser son souhait d’inaugurer la voie élargie en 2014, année du centenaire du canal. Car une grève en janvier 2012 puis un désaccord survenu la même année entre l’Autorité du canal de Panama (ACP) et le consortium international UPC, chargé de construire les écluses, ont freiné l’avancée les travaux.

La dispute portait sur la qualité du ciment utilisé, jugée mauvaise par les autorités du canal. Le consortium – regroupant les sociétés espagnole Sacyr, italienne Impregilo, belge Jan de Nul et panaméenne Constructora Urbana – a fini par céder mais réclame un règlement additionnel de 573 millions de dollars (environ 465 millions d’euros) à l’ACP pour amortir les dépenses liées à l’utilisation d’un ciment plus coûteux et à l’accélération des travaux pour tenter de combler, au moins en partie, le retard accusé.

Lors de l’exercice fiscal 2012, plus de 330 millions de tonnes de marchandises ont traversé le canal. Les clients principaux furent les Etats-Unis (143 millions de tonnes), la Chine (53), le Chili (28) et le Japon (22).

Les principales routes commerciales empruntant le canal sont celles reliant la côte est des Etats-Unis au Pérou, Chili et Asie, et celle entre l’Europe et la côte Pacifique des Etats-Unis.

Ces dernières années, plusieurs projets concurrents tels que des voies ferrées Atlantique-Pacifique en Colombie et au Honduras, ainsi qu’un canal interocéanique au Nicaragua ont été lancés, mais les autorités panaméennes affirment ne pas craindre la concurrence.

« Le canal de Panama continue d’avoir un impact positif 99 ans après son ouverture et son élargissement commence à poser les bases du futur de la voie interocéanique pour les 100 prochaines années », a assuré cette semaine Roberto Roy, ministre délégué au Canal.

Les activités liées au canal génèrent plusieurs dizaines de milliers d’emplois et apportent aux caisses de l’Etat 960 millions de dollars annuels, soit environ 10% de ses revenus fiscaux.