Après l’emprunt national « ordinaire » aux résultats mitigés réalisé en 2016, le gouvernement algérien pense à un emprunt national sans intérêt, « hallal » qui pourrait être lancé au printemps.
Un emprunt obligataire sans intérêt devrait être lancé entre fin avril et mai 2017, a indiqué lundi à Alger le ministre des Finances, Hadji Babaammi. L’opération d’Emprunt national pour la croissance économique qui a eu lieu entre le 17 avril et 16 octobre 2016 a eu des résultats mitigés. Le ministre des finances a fait état d’un bilan de 568 milliards de DA à la clôture de l’opération. « C’est un montant très important et je suis très satisfait des résultats de cette opération » avait-il déclaré.
Beaucoup d’experts ont cependant fait valoir que le but de l’opération qui était de faire rentrer l’argent de l’informel dans le circuit légal n’a pas été atteint. Ce sont les épargnes existantes dans les banques qui se sont placées sur cet emprunt. Le gouvernement semble le confirmer en tentant cette fois-ci de proposer un emprunt obligataire « hallal » sans intérêt. Comme s’il s’agit d’intéresser ceux qui parmi les détenteurs de fonds dans l’informel considèrent que les offres existantes dans le système légal sont assimilables à de l’usure.
« Nous sommes en train d’étudier un projet de lancement d’un nouvel emprunt obligataire pour cette année, mais sans intérêts », a déclaré Hadji Babaammi. La durée de cet emprunt obligataire s’étalera de trois à cinq ans et dont les titres ne seront pas éligibles à la Bourse.
Le ministre a rappelé que les titres éligibles à la Bourse sont ceux de 7, 10 et 15 ans, appelés OAT (obligation assimilés du Trésor), a-t-il expliqué. Hadji Babaammi ne s’est pas étalé sur les détails de ce futur emprunt « hallal » se contentant de dire que le projet était à l’étude. « Si le gouvernement adopte cette démarche, on lancera cet emprunt ».
Le ministre des finances s’est d’ailleurs livré à une délicate explication sémantique au sujet des produits bancaires sans intérêts conformes à la charia. « Moi, je n’utiliserai pas le mot +islamique+, mais plutôt +participatif+. Ce sont des produits qui ne sont pas rémunérés par des intérêts, mais par les rendements des projets qui seront financés ». Un travail est en cours au niveau des banques pour lancer ce type de produits vers la fin de l’année 2017.
Pour rappel, l’ancien ministre des finances, Abderahmane Benkhalfa a tenté d’expliquer que le taux d’intérêt de 5 % au profit des souscripteurs à l’emprunt national n’était pas assimilable à l’usure. « Je voudrais abattre l’idée qui consiste à dire que (l’emprunt obligataire ndlr) c’est haram (illicite) ». Il s’agit de « partage de gains » entre l’Etat et les souscripteurs » avait-il affirmé sans réussir pour autant à convaincre grand monde.