Un guerrier. Ce surnom, il l’aura mérité. Désormais, pour lui, est venu le temps de se reposer. Enlever l’amure Algérie et les crampons et les raccrocher. Rafik Halliche aura marqué l’histoire de l’équipe nationale. Pas au nombre de matchs disputés (41 loin du «top 10» qu’ouvre Fodil Megharia avec 68 capes) mais par sa générosité et son exemplarité. Sa carrière avait commencé au NA Hussein-Dey et s’est terminée sur le trône de l’Afrique et son sommet. Retour sur une carrière qui force l’admiration et impose le respect.
Deux phases finales de Coupe du Monde (2010 et 2014) et quatre participations à la Coupe d’Afrique des nations (2010, 2013, 2015 et 2019), Halliche aura vécu les faits saillants en sélection. Il aura participé grandement et activement aux retrouvailles de l’Algérie avec le Mondial après 24 ans d’absence. Il pourra aussi se targuer d’avoir fait partie des 23 «Fennecs» qui ont remis l’Algérie sur le toit du continent après 29 années d’attente.
Lundi, au stade 5 juillet 1962, celui qui a été formé par le NA Hussein-Dey a fait une ultime apparition avec la tunique de l’Algérie qu’il aura portée à 41 reprises toutes épreuves réunies. Tout au long de ce parcours, il y a eu tant d’émotions. Que ce soit en joie ou en déceptions. Fort heureusement pour lui, il poncture son histoire algérienne sur une excellente note et un sacre inouï de son avis : «On ne peut pas espérer une meilleure fin. Finir avec un titre, c’est le rêve de tout Algérien» ajoutant qu’ «il y a beaucoup de choses à dire après ces 11 années passées en sélection. Il y a eu du bon mais aussi du moins bon. Je ne retiendrai que le meilleur. Je n’ai jamais rêvé d’une aussi grande fin. Lors de ma première CAN, on est arrivé en demi-finale on a effleuré la Coupe. Cette fois ci, Hamdoulilah, nous l’avons soulevée.»
Egypte, le point de jonction
C’est là-bas, en Egypte, que la légende a commencé et c’est sur les mêmes terres qu’elle s’est terminée en beauté. L’enfant du NAHD, le visage en sang après l’agression du bus de l’EN au Caire, a fini, 10 ans après cet incident, par se parer d’or dans la capitale égyptienne avec le sacre africain des «Fennecs». Le sociétaire de Moreirense FC (Portugal) se rappelle du match barrage face au «Pharaons» pour une place dans la messe universelle de 2010 en Afrique du Sud : «la qualification à Omdourman ? Heureusement que notre sang n’a pas coulé inutilement en Égypte. On est revenu et on a gagné la Coupe chez eux, ce n’était pas facile avec 24 équipes et en dehors de nos terres», retrace-il.
Pour intégrer les rangs des «Verts», Halliche est parti s’exiler footballistiquement en Lusitanie. En 2008, à une époque où la balle ronde nationale n’exportait pas ses éléments, le natif d’Alger a été enrôlé par le géant portugais : Benfica Lisbonne contre 300.000 euros. Une somme conséquente à l’époque. C’était lors du mercato d’hiver de la saison 2007-2008. Il ne jouera pas la moindre minute avec les «Aigles» mais le roc du «Nasria» a trouvé la porte de sortie et il jouera en Europe. Le rêve pour tout footballeur ambitieux. CD National, Fulham FC (Angleterre), Académica de Coimbra puis une pige au Qatar SC, le central n’a pas trouvé l’équilibre. Il ne tient pas en place mais finit par faire du Portugal son championnat préférentiel. Il s’y est établi depuis 2017 en signant au GD Estoril-Praia (2017-2018) et Moreinrense FC depuis 2018 qui lui a offert une place pour la CAN 2019.
Les hommages
Oui la carrière en club n’a pas été tout le temps facile pour le «Cœur de Lion» comme les supporters l’ont surnommé en guise de reconnaissance pour sa hargne et sa rage de vaincre. Notamment lors du Mondial brésilien où il a pu être buteur contre la Corée du Sud (4/2) lors du second match de la phase de poules. En parlant du rendez-vous quadriennal, on notera que Halliche est l’Algérien qui a joué le plus de rencontres dans cette prestigieuse épreuve (7).
Ce record, à lui seul, démontre que l’ex-Hussein-déen a toujours su garder son niveau pour répondre aux exigences internationales. Ce qui suscite les hommages.
«Tout le temps durant lequel il a porté les couleurs du drapeau national, Haliche s’est donné à fond. Il a été exemplaire pour ses camarades. A ma prise de fonction, il était pour moi un joueur important même s’il ne jouait pas très souvent et qu’il était plus sur la fin de sa carrière que sur le début. Je pensais qu’il était important qu’il encadre les jeunes joueurs de la sélection. Halliche a été un joueur très important pour la sélection et pour le pays. Il mérite vraiment cette sortie avec un sacre et un succès», a déclaré Belmadi, driver d’ «El-Khadra».
Pour confirmer cet apport au sein du «Club
Algérie» et auprès des coéquipiers, Youcef Atal notera que «Rafik est sorti par la grande porte après le sacre en Coupe d’Afrique. Nous avons aujourd’hui la chance de fêter ça avec lui et les supporters. Rafik a beaucoup donné à l’équipe nationale. De par son expérience, il nous a grandement aidés lors de la CAN.»
Au driver de l’Algérie de reconnaître qu’ «quand on voit derrière Haliche, il y a un sacré vide. Sincèrement, c’est un véritable casse-tête pour moi de lui trouver un remplaçant. Je vous laisse réfléchir et trouver un joueur capable de le remplacer. Il y a une place qui s’est libérée dans l’axe de la défense et j’espère que chez les jeunes, il y aura des joueurs qui vont essayer de se montrer à la hauteur et s’imposer.» Qui relèvera le défi ?