Le retard accumulé dans la numérisation de l’administration algérienne ne permet plus d’occulter la réalité, comme c’était le cas il y a à peine quelque temps, lorsque l’on se gargarisait à tout bout de champ sur les réalisations. Ainsi, hier sur la Radio nationale, la ministre de la Poste, des Télécommunications et du triomphaliste, Houda Imane Feraoun, s’est départie de son habituel discours triomphaliste pour asséner la vérité sur le retard pris et les tares dont souffre le système en place.
Houda Imane Feraoun veut accélérer, pour ce qui concerne son secteur, la modernisation de l’administration et tous les services intervenant dans la vie quotidienne du citoyen même si elle admet que «aller à la numérisation n’est pas facile, surtout si ce n’est pas accompli de manière graduelle». C’est un argumentaire très réaliste, qui tranche singulièrement avec l’euphorie dont elle a pratiquement toujours fait preuve, que la ministre a étalé pour faire état du besoin d’aller vite bien que, avec 40 millions d’habitants, les bases de données de chaque administration sont énormes, tout en constatant en guise de premier obstacle, et en usant d’un doux euphémisme, qu’«elles ne sont malheureusement pas rares les administrations qui ont recours à la numérisation, à l’informatique». En parallèle à ces administrations et services retardataires dans la modernisation, il en est qui ont accompli des pas extraordinaires en la matière, mais «on se retrouve avec une panoplie de plateformes et de systèmes d’information qui ne sont pas compatibles».
Aujourd’hui, et malgré tous les deniers engloutis, beaucoup reste à faire, a reconnu volontiers la ministre pour laquelle «il faudrait déjà faire un effort pour numériser ce qui est sur papier, ensuite faire en sorte qu’il y ait compatibilité des applications et des systèmes existants, et puis développer de nouveaux services». Une immense œuvre qui attend donc un pays «qui ne produit pas de technologie» comme le reconnaît Houda Imane Feraoun qui a tenu tout de même à rassurer que tout est fait pour que «l’on ne se retrouve pas face au mur à cause d’une pléthore de systèmes d’information qui ne fonctionnent pas ensemble».
La situation est on ne peut plus urgente, eu égard à l’enjeu majeur que la numérisation constitue, qu’elle a induit la constitution d’une commission placée sous l’autorité du Premier ministre pour faire en sorte que «tout le monde s’y mette, tous ensemble et en même temps». Ladite commission se chargera, entre autres, de planifier le financement. Bien que la situation financière du pays ne soit pas des plus florissantes, la ministre a assuré que l’on a mis le paquet pour le déploiement des infrastructures, le développement des systèmes d’information, et surtout pour la formation, avec l’espoir que le citoyen parvienne un jour «pas très lointain» à accéder à tous les services grâce à son seul identifiant national.
Un chantier qui «prend du temps et consomme de l’argent» mais ne rebute pas la ministre qui s’est, en outre, chargée de rappeler l’effort consenti dans un autre domaine par le groupe Algérie Télécom depuis quatre ans plus particulièrement, ainsi que d’autres progrès réalisés par d’autres secteurs et services publics.
Azedine Maktour